Sommaire
L’Eurasisme est une doctrine philosophique et géopolitique qui a émergé en Russie au XXe siècle, comme une réponse aux influences occidentales dominantes. Conçu initialement comme une alternative à l’occidentalisation du pays, il a progressivement gagné en importance, notamment dans les cercles intellectuels et politiques russes.
Aujourd’hui, le néo-eurasisme, défendu par des penseurs comme Alexandre Douguine, sert de cadre théorique pour justifier certaines ambitions géopolitiques de la Russie, en particulier dans un monde multipolaire. Cet article examine les origines et l’évolution de cette idéologie, ainsi que son influence actuelle sur la politique étrangère russe.
Naissance et développement de l’Eurasisme : entre Orient et Occident
Piotr Tchaadaïev et la critique des modèles occidentaux au XIXe siècle
L’Eurasisme trouve ses racines dans la pensée de Piotr Tchaadaïev, un philosophe russe du XIXe siècle. Dans ses « Lettres philosophiques » publiées en 1829, Tchaadaïev exprime une profonde critique de la culture occidentale et propose une alternative spécifique à la Russie, un modèle qui placerait cette dernière entre l’Europe et l’Asie.
Son idée repose sur le rejet de la modernité occidentale, jugée décadente, et sur la conviction que la Russie incarne un rôle messianique. Elle serait en mesure de proposer un modèle spirituel et moral au monde, capable de redresser les failles civilisationnelles des sociétés occidentales.
L’idée d’une « voie russe » distincte a continué d’influencer plusieurs générations d’intellectuels russes, qui ont repris cette critique de l’Occident tout en cherchant à redéfinir la place de la Russie dans l’ordre mondial.

Ces premiers fondements philosophiques allaient nourrir la réflexion sur la nature géopolitique de la Russie, aboutissant à l’émergence de l’Eurasisme au début du XXe siècle.
L’Eurasisme au XXe siècle : la naissance d’une théorie distincte
Le tournant décisif dans l’histoire de l’Eurasisme intervient dans les années 1920, période marquée par les bouleversements de la révolution bolchévique et la guerre civile russe.
C’est alors que des intellectuels russes en exil, tels que Nikolai Troubetskoy, Piotr Savitski et Lev Karsavine, formalisent l’Eurasisme en tant que courant intellectuel. Ces penseurs rejettent l’idée d’une Russie « européenne« , alignée sur les standards occidentaux, et avancent l’idée d’une civilisation eurasiatique, distincte à la fois de l’Europe et de l’Asie.
Les Eurasistes voient la Russie comme un pont entre deux mondes, dotée d’une identité culturelle unique.
Selon eux, l’Eurasie, vaste espace géopolitique s’étendant de la Sibérie à l’Europe de l’Est, constitue une entité géopolitique et civilisationnelle propre. Pour eux, la Russie n’est ni entièrement européenne ni asiatique, mais appartient à une civilisation spécifique fondée sur une histoire, une culture et une géographie partagées avec ses voisins de l’Est, notamment les peuples turco-mongols et finno-ougriens.
Cette conception repose sur plusieurs idées fondamentales :
- La Russie, par son héritage historique, a vocation à s’opposer à l’Occident.
- Le modèle politique de la Russie doit s’inspirer de ses racines asiatiques autant que de ses influences européennes.
- L’unité de l’Eurasie repose sur un équilibre entre les multiples peuples qui la composent, rejetant ainsi les modèles homogénéisateurs européens.
Les Eurasistes insistent sur la nécessité de construire une Russie forte et indépendante de l’influence occidentale, tout en réhabilitant l’héritage asiatique de la Russie.
En ce sens, l’Eurasisme propose un modèle de société multiculturelle et multinationale, profondément enracinée dans l’histoire de l’Empire russe, mais aussi dans celle de l’Union soviétique.
Eurasisme et géopolitique soviétique : entre idéologie communiste et nationalisme russe
Staline et la dimension géopolitique de l’Eurasisme

Sous le régime de Staline, certaines idées eurasistes ont été récupérées et réinterprétées.
Bien que l’Eurasisme en tant que doctrine ait été marginalisé en raison de son caractère réactionnaire et anti-occidental, certains aspects, notamment l’idée d’une Russie multiethnique et impériale, ont été intégrés dans la politique soviétique.
Le stalinisme a promu l’idée de la Russie comme leader naturel des peuples non occidentaux, en opposition aux puissances capitalistes occidentales.
Cette période a vu une consolidation du contrôle soviétique sur les républiques d’Asie centrale, renforçant ainsi le rôle de la Russie en tant que pivot géopolitique au sein d’un espace eurasiatique.
Toutefois, sous Khrouchtchev et Brejnev, l’influence de l’Eurasisme a diminué, éclipsée par une approche plus pragmatique des relations internationales, dominée par la confrontation avec l’Occident dans le cadre de la guerre froide.
L’éclipse de l’Eurasisme sous le communisme tardif
Dans les décennies qui suivirent, l’Eurasisme perdit de son influence dans le débat intellectuel soviétique, considéré comme trop lié à une vision impérialiste.
Cependant, à la chute de l’Union soviétique, le vide idéologique laissé par l’effondrement du communisme a permis à l’Eurasisme de renaître sous une nouvelle forme, plus nationaliste et impériale.
Le Néo-Eurasisme à l’ère post-soviétique : réinvention d’une doctrine géopolitique
Le renouveau de l’Eurasisme dans les années 1990
La chute de l’Union soviétique en 1991 a créé un vide idéologique que de nombreux intellectuels ont cherché à combler. Parmi eux, Alexandre Douguine a joué un rôle majeur dans la réinvention de l’Eurasisme, en le transformant en Néo-Eurasisme, une synthèse des idées eurasistes classiques, modernisées pour répondre aux défis contemporains.
Le néo-eurasisme vise à rétablir la place de la Russie sur la scène internationale, en tant que leader naturel d’un monde multipolaire où plusieurs centres de pouvoir, et non un seul (occidental), coexistent.
Dans cette perspective, Douguine s’inspire non seulement des Eurasistes du début du siècle, mais également de penseurs occidentaux tels que Carl Schmitt, dont la théorie de la « Grande Europe » et de la multipolarité influence son propre travail. Cette réinterprétation de l’Eurasisme cherche à construire un bloc géopolitique autonome, composé de la Russie et de ses alliés stratégiques en Eurasie, et résistant à l’influence culturelle et économique de l’Occident.
Le néo-eurasisme intègre également un discours plus radical sur le plan politique, en rejetant catégoriquement les valeurs libérales telles que les droits de l’homme, le capitalisme mondialisé, et la démocratie occidentale, qui sont perçues comme des forces de déstabilisation pour les sociétés traditionnelles.
Alexandre Douguine et les penseurs contemporains de l’Eurasisme
Alexandre Douguine est sans doute la figure la plus médiatisée du Néo-Eurasisme dont il est l’un des principaux théoriciens contemporains.
Dans son œuvre majeure, « La Quatrième théorie politique« , il appelle à une rupture avec les idéologies du XXe siècle, notamment le libéralisme, le communisme et le fascisme.
Douguine prône une nouvelle voie politique pour la Russie, fondée sur l’identité, la tradition et le rejet total des valeurs libérales occidentales.
Il propose une vision multipolaire du monde, où chaque grande civilisation, dont la Russie, aurait sa propre voie de développement, indépendamment des normes imposées par l’Occident.
Cette vision a trouvé un écho dans la politique étrangère russe, notamment sous le mandat de Vladimir Poutine, qui a intégré certaines idées néo-eurasistes dans ses discours et actions géopolitiques.
Douguine voit dans l’alliance avec les pays d’Asie et du Moyen-Orient un moyen de contrer l’influence des États-Unis et de l’Europe. En mettant en avant la Russie comme la « Troisième Rome », il positionne le pays comme le protecteur des valeurs traditionnelles face à une modernité perçue comme décadente.
Douguine développe également une critique profonde de la globalisation, qu’il considère comme un outil de domination américaine.
Dans son ouvrage phare, « La Quatrième théorie politique », il appelle à une rupture totale avec les idéologies du XXe siècle (libéralisme, communisme, fascisme), en faveur d’une nouvelle forme de pensée politique basée sur l’identité et la culture.
Cette approche a fait de Douguine une figure de référence non seulement en Russie, mais aussi dans certains milieux politiques conservateurs en Europe et aux États-Unis.
Eurasisme et politique étrangère russe post-soviétique : de la théorie à la pratique
Eurasisme et politique étrangère russe sous Vladimir Poutine
Depuis son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine a adopté certaines idées néo-eurasistes en lien avec ses actions sur la scène internationale.
L’annexion de la Crimée en 2014 et l’intervention militaire en Syrie visaient à protéger les intérêts russes contre l’expansion occidentale. En mettant en avant la défense des valeurs traditionnelles et l’opposition aux idéologies libérales, Poutine s’inscrit dans le néo-eurasisme.
Cependant, la politique étrangère de la Russie demeure pragmatique. Si certaines idées néo-eurasistes trouvent un écho dans la stratégie géopolitique russe, la realpolitik et les intérêts économiques jouent également un rôle crucial.
L’Union eurasiatique : un projet d’intégration géopolitique
En 2015, la création de l’Union économique eurasiatique (UEE) a marqué une étape importante dans la concrétisation des idées eurasistes.
Ce projet d’intégration économique, qui regroupe la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, l’Arménie et le Kirghizstan, vise à renforcer les liens économiques et politiques entre ces pays. Il s’inscrit dans une stratégie visant à construire un bloc régional capable de rivaliser avec l’Union européenne et les États-Unis.
L’Union eurasiatique ne se limite pas à une simple alliance économique. Elle s’inscrit dans une vision plus large de la politique étrangère russe, qui cherche à consolider l’influence de Moscou sur l’espace post-soviétique, tout en formant une barrière contre l’expansion de l’OTAN et l’Union européenne en Europe de l’Est.
Pour Vladimir Poutine, l’UEE est un moyen de réaffirmer la puissance de la Russie et de la positionner en tant que leader naturel dans la région eurasiatique.
L’Eurasisme et la multipolarité : réponse à un monde unipolaire
La doctrine eurasiste comme critique de l’unilatéralisme occidental
L’Eurasisme, surtout sous sa forme néo-eurasiste, s’oppose à l’ordre mondial unipolaire dominé par les États-Unis.
Alexandre Douguine critique ce qu’il considère comme une hégémonie américaine qui impose des normes libérales et économiques au monde entier. Les interventions militaires de l’OTAN en Irak, en Libye ou en Afghanistan sont souvent citées par les eurasistes comme des exemples d’unilatéralisme occidental.
En réponse, l’Eurasisme prône un monde multipolaire, où plusieurs puissances régionales (dont la Russie, la Chine et l’Iran) peuvent coexister sans interférence des États-Unis ou de l’Union européenne.
Ce modèle de multipolarité permettrait à chaque civilisation de développer son propre système sans pression extérieure, tout en rejetant la mondialisation et les valeurs libérales.
L’Eurasisme et les alliances stratégiques de la Russie
La stratégie de la Russie, selon la doctrine eurasiste, consiste à renforcer ses relations avec des puissances non-occidentales :
- Asie Centrale
Les États d’Asie centrale, notamment le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, sont cruciaux pour Moscou, bien que la montée de la Chine complique cette relation. - Chine
L’alliance russo-chinoise s’est intensifiée, notamment via l’Organisation de coopération de Shanghai, même si la Russie doit composer avec les ambitions grandissantes de Pékin. - Iran
L’Iran est un allié stratégique, notamment en Syrie, où les deux pays ont des intérêts communs contre l’Occident.
Les alliances avec des pays non alignés sur l’Occident
La doctrine Eurasiste crée également des alliances avec des pays non alignés, tels que la Syrie et le Venezuela, qui partagent une défiance commune envers l’Occident. Ces relations renforcent l’influence de la Russie sur la scène internationale tout en la positionnant comme le leader d’un contre-bloc à l’hégémonie américaine.

Eurasisme et vision eschatologique : le concept du katechon et l’idée de fin des temps
La dimension eschatologique dans le Néo-Eurasisme
Le Néo-Eurasisme selon Alexandre Douguine et d’autres penseurs contemporains, comprend également une dimension eschatologique et religieuse , associée à la pensée géopolitique russe.
Cette vision transcende les simples rapports de forces politiques ou géostratégiques et attribue à la Russie une mission quasi divine dans la préservation de l’ordre mondial. Le Néo-Eurasisme voit la Russie non seulement comme une puissance géopolitique, mais aussi comme une entité spirituelle qui se doit de résister aux forces destructrices émanant de l’Occident libéral et matérialiste.
Cette dimension eschatologique s’enracine dans une conception dualiste du monde :
- d’un côté, l’Occident, incarné par l’hégémonie américaine et ses alliés européens, représentant le chaos, la décadence, et le matérialisme ;
- de l’autre, la Russie, gardienne des valeurs traditionnelles, de la foi orthodoxe, et de la civilisation spirituelle.
Dans cette vision, l’Eurasisme ne se contente pas d’opposer l’Est à l’Ouest sur un plan politique ou militaire, mais sur un plan plus fondamental, métaphysique et religieux.
Le katechon : reteneur du chaos dans la tradition eurasiste
Un concept central de cette dimension eschatologique est celui du katechon. Issu de la théologie chrétienne orthodoxe, le katechon désigne celui qui « retient » le chaos et empêche l’avènement de l’Antéchrist avant la fin des temps.
Dans la lecture néo-eurasiste, la Russie est interprétée comme ce katechon, une force spirituelle et géopolitique qui protège le monde contre la décomposition de l’ordre traditionnel sous l’influence de l’Occident libéral et la mondialisation.
Le concept du katechon explicite l’opposition de la Russie à l’Occident non seulement comme une simple rivalité géopolitique, mais comme une lutte spirituelle pour préserver l’humanité de la décadence et du chaos.
Cette idée se retrouve notamment dans les écrits d’Alexandre Douguine, qui décrit la Russie comme un rempart contre les forces de désintégration représentées par la modernité libérale.
Ce discours trouve un écho dans certaines interventions de Vladimir Poutine, qui met en avant les valeurs conservatrices et la souveraineté civilisationnelle de la Russie face à l’uniformisation culturelle et morale imposée par l’Occident.
Eurasisme et la lutte contre le chaos mondial
L’idée de la Russie comme katechon s’intègre dans une vision plus large du rôle de l’Eurasisme dans la lutte contre l’unilatéralisme occidental et le chaos mondial. Les théoriciens néo-eurasistes considèrent que la domination mondiale des États-Unis et de l’Europe entraîne une érosion des valeurs traditionnelles et la propagation du désordre.
En ce sens, l’Eurasisme se veut porteur d’une alternative civilisatrice, basée sur la défense des identités culturelles locales, la promotion des valeurs religieuses, et la construction d’un monde multipolaire.
Le concept de « Grande Eurasie« , fréquemment évoqué dans les discours politiques russes, reflète cette ambition de créer un ordre mondial basé sur la coopération entre des pôles civilisationnels distincts, chacun préservant son autonomie culturelle et religieuse.
Ce projet inclut non seulement la Russie, mais aussi des puissances régionales comme la Chine, l’Iran, et les pays d’Asie centrale, qui partagent une opposition à l’hégémonie occidentale.
Critiques et perspectives de l’Eurasisme
Les tensions internes à la doctrine eurasiste
Bien que l’Eurasisme, et plus particulièrement son évolution moderne avec le Néo-Eurasisme, ait connu un regain d’intérêt en Russie post-soviétique, il reste confronté à plusieurs contradictions internes.
L’un des principaux points de tension porte sur la contradiction entre le désir de former une coalition eurasiatique et les aspirations souverainistes des autres États de la région, notamment le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et l’Arménie, qui cherchent à renforcer leur indépendance.
En outre, ses détracteurs critiquent le Néo-Eurasisme pour son caractère idéalisé, reposant, selon eux, sur une vision romantique de l’histoire russe et de ses relations avec l’Asie.
Selo certains observateurs critiques, l’idée d’intégrer les peuples turciques et musulmans dans un projet impérial russe poserait des défis non seulement géopolitiques mais également religieux et culturels, compliquant la mise en œuvre concrète de cette doctrine.
Vers un avenir multipolaire : opportunités et défis pour la Russie
Malgré ces contradictions internes, le Néo-Eurasisme offre à la Russie une opportunité de renforcer son influence dans un monde multipolaire en pleine émergence.
La montée en puissance de la Chine, la réaffirmation des ambitions géopolitiques de l’Inde, ainsi que la réticence croissante des pays européens vis-à-vis de l’hégémonie américaine créent un environnement favorable à l’émergence de nouveaux pôles de pouvoir.
Dans ce contexte, la Russie peut se positionner comme un leader naturel d’un espace eurasiatique unifié, jouant un rôle de médiateur et de stabilisateur dans une région en mutation.
Néanmoins, cette ambition peut se heurter à plusieurs obstacles.
La montée de la Chine : partenariat ou rivalité ?
D’une part, bien que la Chine soit perçue comme un partenaire stratégique pour Moscou, elle représente également une menace potentielle pour les ambitions russes en Eurasie. Le projet chinois de la Nouvelle Route de la Soie vise à étendre son influence en Asie centrale, une région historiquement sous l’influence de la Russie. Cette initiative pourrait progressivement marginaliser la Russie dans son propre espace géopolitique.
D’autre part, la viabilité du Néo-Eurasisme dépend de la capacité de la Russie à concilier ses ambitions géopolitiques avec les réalités économiques et sociales des pays de la région.
Les États membres de l’Union économique eurasiatique (UEE), bien qu’étroitement liés à la Russie sur le plan économique, cherchent à diversifier leurs partenariats pour éviter une dépendance excessive vis-à-vis de Moscou. Par exemple, le Kazakhstan entretient des relations économiques fortes avec la Chine, ce qui remet en question l’hégémonie russe dans la région.

Le défi de la stabilité interne pour la Russie
Un autre défi majeur réside dans la capacité de la Russie à maintenir sa stabilité interne. En tant qu’État multinational, la Russie doit composer avec des tensions internes liées à sa diversité culturelle et religieuse.
Des régions comme le Caucase et la Tchétchénie représentent des défis constants pour le Kremlin, qui doit jongler entre le maintien de l’ordre et la gestion des identités locales. Si ces tensions internes persistent, elles pourraient affaiblir la position de la Russie en tant que leader de l’espace eurasiatique.
Enfin, la politique étrangère russe, bien qu’inspirée par des ambitions eurasistes, doit aussi faire face aux sanctions économiques et diplomatiques imposées par les pays occidentaux. Ces sanctions, liées notamment à l’annexion de la Crimée et aux interventions militaires en Ukraine et en Syrie, limitent les capacités économiques de la Russie, entravant ainsi la mise en place d’un projet eurasiatique prospère et autonome. Le défi pour Moscou est donc de trouver des moyens de contourner ces obstacles tout en renforçant son rôle dans un monde multipolaire.
Conclusion
En conclusion, l’Eurasisme, sous sa forme classique et néo-eurasiste, demeure une force idéologique qui continue de façonner la politique étrangère russe. Bien que le projet eurasiste rencontre des obstacles internes et externes, il offre à la Russie une vision stratégique pour résister à l’hégémonie occidentale et s’affirmer comme un acteur clé sur la scène internationale.
Cependant, la réussite de ce projet dépendra de la capacité de la Russie à concilier ses ambitions impériales avec les réalités géopolitiques et économiques de la région eurasiatique. Le futur de l’Eurasisme réside peut-être dans la coopération plutôt que dans la domination, un défi de taille pour une Russie en quête d’un nouvel équilibre.
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Sources :
- OpenEdition Journals : « Le néo-eurasisme russe. L’empire après l’empire ? »
- Marlène Laruelle : « La quête d’une identité impériale : Le néo-eurasisme dans la Russie contemporaine »
- Institut Français des Relations Internationales (IFRI) : « Eurasisme : La Russie au centre du jeu »
- Érudit : « Géopolitique de l’Eurasie. Avant et depuis 1991 »
- Revue Méthode : « Quelle interprétation de l’eurasisme ? »
- Wikipédia : « Eurasisme »
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