L’HÉGÉMONIE DU DOLLAR PEUT-ELLE RÉELLEMENT PRENDRE FIN ?

Ce que nous allons aborder dans cet article :

Le conflit qui oppose la Russie (Bloc de l’Est/BRICS) peut-il mettre à genoux l’économie américaine qui tient sa puissance de son armée ?

La Russie ou la Chine peuvent-elles se montrer à la hauteur du défi que représente cette entreprise ?

Le dollar pourrait-il se trouver prochainement au rang de monnaie « intermédiaire » en termes de valeur d’échange planétaire ?

La Chine et la Russie, ayant récemment conclu des accords commerciaux et les sanctions infligées à la Russie par les États membres de l’OTAN ayant poussé toujours plus la Russie dans les bras de la Chine, pouvons-nous décemment penser que cela signe la fin du dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale ?

Qu’est-ce que la monnaie ?

La monnaie est un outil économique qui a en réalité plusieurs fonctions :

• Être une réserve de valeur
• Être un intermédiaire dans les échanges
• Être une unité de compte

La première fonction de réserve nécessite que celle-ci soit suffisamment puissante pour que les banques centrales puissent accorder du crédit et introduire celle-ci dans des réserves de change (trésorerie) afin de pouvoir acheter les produits de nécessité se trouvant sur les marchés internationaux.

Le Dollar américain représentait encore récemment 59,2 % des réserves de change, contre 20,5 % pour l’Euro, 5,8 % pour le Yen japonais, 4,8 % pour le Livre sterling, 2,7 % pour le Yuan et les autres monnaies représentent au cumulé 7 %.

Il paraît donc évident que le dollar surplombe toutes les autres devises à l’échelle mondiale.

Cette perspective permet de mettre en relief le caractère « délicat » de l’idée « d’anéantir » ou « éradiquer » le Dollar en tant que réserve mondiale.

En revanche, il est tout à fait possible et envisageable que le Dollar perde son statut de réserve mondiale dominante.

La fin du Dollar, quand et comment ?

Afin d’envisager ce scénario, il est important de comprendre ce qui propulse une monnaie de réserve, au rang de domination tel que celui atteint par le dollar américain.

Il est une erreur de croire qu’il est possible de créer un produit monétaire capable de supplanter le dollar, car la monnaie abrite différents aspects qui ne se limitent pas aux marchandises.

Si dans le marché, on peut observer qu’il suffit qu’un produit soit plus pertinent ou aboutit qu’un autre pour qu’il lui vole la première place, cette logique ne se suffit pas à elle-même pour être appliquée aux valeurs d’échange.

Il est donc important de s’intéresser à la nature politique du Dollar pour comprendre sa domination, ce qui apporte un aspect tout autre que la simple valeur marchande.

La valeur politique du Dollar

En plus d’avoir une valeur marchande, le Dollar américain a un « sens politique » à l’échelle mondiale.

Ce statut est une chose inédite pour une monnaie, car même si par le passé, d’autres monnaies ont pu dominer, l’ampleur politique à l’échelle mondiale du Dollar est sans précédent.

C’est depuis 1944, face à la prouesse américaine sur le plan militaire que le Dollar a atteint ce statut.

Les États-nations s’accordant sur la reconnaissance de la puissance de frappe et d’action des États-Unis ont permis une notoriété politique à l’échelle mondiale encore inégalée.

C’est à cette période que les accords de Bretton Woods, dont l’objectif était de mettre en place une organisation monétaire mondiale afin de reconstruire et favoriser le développement des pays détruits par la guerre et sur le principe du gold exchange standard (étalon de change or), ont permis de mettre tout le monde d’accord sur la convertibilité en or du dollar à l’échelle des banques centrales.

En 1971, Richard Nixon a aboli cette convertibilité, mais malgré tout, le Dollar a gardé son statut de dominant du fait de son aspect politique guidé par les États-Unis, autoproclamés comme étant les guides dans ce pôle du Nouvel Ordre Mondial.

Le ciment fondateur du Dollar

Nous comprenons donc que l’image dominante des États-Unis et de leur monnaie a pour fondements principaux la victoire de ces derniers lors de la 2^de Guerre mondiale.

C’est donc par la force des choses, mais sans en user nécessairement, donc de manière symbolique et mémorielle, que les États-Unis ont réussi à asseoir cette domination et la prééminence de leur monnaie sur le reste des monnaies dans le monde, à travers le simple rappel des évènements qui se sont déroulés pendant cette période de l’Histoire et de leur puissance militaire.

Les États modernes, se construisant généralement à travers les institutions internationales qui ont un droit de regard en interne des pays souverains, ont accepté cette mainmise en échange de sécurité et de régulations judiciaires en tout genre.

Ce système de fonctionnement et l’établissement de ces rouages ne peuvent être efficaces qu’à travers deux colonnes fondamentales et intrinsèquement liées :

• La mise en place de l’armée permanente,
• La mise en place de l’impôt.

Les deux ne peuvent exister l’une sans l’autre, l’armée permettant que l’impôt demeure collecté et l’impôt, quant à lui, que l’armée soit entretenue.

C’est peu ou prou le même principe que nous retrouvons à l’échelle mondiale quand on évoque le Dollar qui est en quelque sorte un impôt mondial.

C’est d’ailleurs cet impôt mondial qui a permis de financer l’exorbitant budget que demande l’entretien du complexe militaro-industriel américain.

Le cœur de l’hydre

Le Dollar est donc par nature un outil qui permet au système militaire américain d’exister, et c’est là sa fonction primaire. Mais il n’est qu’un outil.

Partant de ce constat, il est invraisemblable d’imaginer qu’une monnaie alternative se suffirait à elle-même pour concurrencer ce qu’est le Dollar.

Tenter de battre monnaie pour contester la légitimité du « prince » qui est en l’occurrence aujourd’hui représenté par les États-Unis, est un phénomène que l’on a pu retrouver par ailleurs dans l’Histoire au regard des suzerains qui contestaient la domination des rois, en vain.

Il n’est donc pas raisonnable de penser que l’on puisse contester le dollar en créant une autre monnaie concurrentielle.

Le seul moyen pour que le dollar perde son hégémonie à travers le monde est donc la contestation militaire et la défaite sur le plan militaire des États-Unis sur un concurrent.

Ceci s’explique simplement par le fait que la grande majorité des États on besoin de la preuve de force qu’un concurrent puisse apporter pour accorder leur confiance en une nouvelle monnaie hégémonique.

Les États-Unis, depuis la fin de la 2^de Guerre mondiale et de la guerre froide n’ont fait qu’asseoir cette force et cette domination sur le plan militaire et dans l’esprit de tous à travers le monde.

Tout le défi est donc là : la victoire militaire.

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Amicalement,
Jessy B.