Sommaire
Nous reviendrons sur les événements actuels et réaliserons qu’ils ont marqué le passage d’une économie mondiale basée sur le dollar soutenue par des actifs financiers à des devises adossées à des matières premières. Nous sommes confrontés à un changement de garantie purement financière par nature pour devenir basée sur les matières premières. C’est une garantie qui souscrit à l’ensemble du système financier.
La fin du système financier est accélérée par les développements géopolitiques. L’Occident essaie désespérément de sanctionner la Russie par la soumission économique, mais ne réussit qu’à faire grimper les prix de l’énergie, des matières premières et des denrées alimentaires contre lui-même. Les banques centrales n’auront d’autre choix que le recours à l’inflation pour payer. La Russie lie plutôt le rouble aux prix des matières premières par le biais d’un ancrage mobile de l’or, et la Chine a déjà démontré sa compréhension du jeu inflationniste de l’Occident en stockant des matières premières et des céréales essentielles au cours des deux dernières années et en permettant à sa monnaie de se mesurer au dollar.
La Chine et la Russie ne suivent pas la voie de l’inflation des monnaies occidentales. Au lieu de cela, ils se dirigent vers une stratégie monétaire plus saine avec la perspective de taux d’intérêt et de prix stables tandis que l’Occident accélère dans la direction opposée.
L’analyste du Credit Suisse, Zoltan Pozsar, l’appelle Bretton Woods III. Cet article se penche sur son évolution probable et conclut que le dollar et les devises occidentales, et non le rouble, auront le plus de mal à faire face après cinquante ans de financiarisation économique.

Le financement pur est remplacé par le financement des matières premières
Pensant faire le bien, les USA torpillent l’Occident
Cela n’a pas encore atteint les médias grand public, qui sont toujours à rapporter la bataille d’hier. Mais en mars, l’administration américaine a condamné à mort sa propre hégémonie dans un dernier jet désespéré du dé Dollar. Non seulement, elle a mal interprété la situation économique russe, mais elle a cru, à tort, en sa propre puissance en sanctionnant la Russie et les oligarques de Poutine.
Les USA ont peut-être obtenu un blocus partiel sur les volumes d’exportation de la Russie, mais la compensation est venue de prix unitaires plus élevés, profitant à la Russie et coûtant à l’alliance occidentale.
La conséquence est une bataille finale dans la guerre financière qui couve depuis des décennies. Vous ne sanctionnez pas le plus important exportateur mondiale d’énergie et le fournisseur marginal d’un large éventail de produits de base et de matières premières, y compris les céréales et les engrais, sans nuire à tout le monde sauf à la cible visée. Pire encore, la cible visée a la Chine comme allié extrêmement puissant et partenaire dans le plus grand bloc économique du monde – l’Organisation de coopération de Shanghai – qui contrôle un marché en développement représentant plus de 40 % de la population mondiale. C’est l’avenir, pas le passé : le passé, c’est la culture woke occidentale, la fiscalité punitive, des économies dominées par l’État et sa bureaucratie, le socialisme anticapitaliste et l’argent magique pour aider à tout payer.
Un Bretton Woods à la Russe
Malgré cet énorme trou dans la raquette des sanctions, l’Occident ne s’est donné d’autre choix politique que de tenter de durcir encore plus les sanctions. Mais la réponse de la Russie est dévastatrice pour le système financier occidental. En deux annonces simples, liant le rouble à l’or pour les établissements de crédit nationaux et insistant sur le fait que les paiements pour l’énergie ne seront acceptés qu’en roubles, il appelle à la fin de l’ère du dollar fiduciaire qui a gouverné le monde depuis la suspension de Bretton Woods en 1971 jusqu’à aujourd’hui.
Il y a un peu plus de cinq décennies, le dollar a pris le rôle d’actif de réserve mondial à partir de l’or. Après les années 70, qui ont été une décennie de volatilité des devises, des taux d’intérêt et des actifs financiers, s’est mis en place un monde de financiarisation croissante. Le Big Bang de Londres au début des années 1980 a ouvert la voie aux produits dérivés réglementés et les années 1990 ont vu l’essor des fonds spéculatifs et des Dotcoms. Cela a été suivi par une explosion des produits dérivés non réglementés en centaines de milliards et de titrisations qui ont été ralentie par la faillite de Lehman. Depuis, le recours massif au crédit mondial pour des activités purement financières a été impressionnant, créant une bulle d’actifs financiers rivalisant avec tout ce que l’on a vu dans l’histoire des excès financiers. Et avec la suppression statistique de l’effet sur les prix à la consommation, le transfert des ressources économiques de Main Street à Wall Street a caché les preuves inflationnistes de l’expansion du crédit du regard du public.

Tout cela touche à sa fin avec une nouvelle marchandisation – ce que le respecté analyste des flux Zoltan Pozsar au Credit Suisse appelle Bretton Woods III. Dans son énumération, le premier accord a été suspendue par le président Nixon en 1971, et le second a été en vigueur depuis lors jusqu’à aujourd’hui où le dollar a régné sans conteste. Cela nous amène à Bretton Woods III.
L’insistance de la Russie pour que les importateurs de son énergie paient en roubles et non en dollars ou en euros est un évènement significatif, un défi direct au dollar tout puissant. Il n’y a pas d’options pour les « hostiles », comme appelle la Russie ceux qui font alliance contre elle. L’UE, qui est le plus grand importateur de gaz naturel russe, soit sers les dents soit se rue vers des alternatives insuffisantes. L’option est d’acheter du gaz naturel et du pétrole à des prix raisonnables en roubles ou de faire grimper les prix en euros et de ne pas en avoir assez pour maintenir leurs économies et permettre aux citoyens de se chauffer et se déplacer. Quoi qu’il en soit, il semble que la Russie gagne et que, dans un sens, l’UE perde.
Le pétrodollar a du plomb dans l’aile
Quant à la conviction de Pozsar que nous sommes au bord de Bretton Woods III, chacun peut voir la logique de son argumentation. La bulle financière fortement gonflée marque la fin d’une époque, après cinquante ans de gestation. Les taux d’intérêt négatifs dans l’UE et au Japon ne sont pas seulement une anomalie, mais aussi le chant du cygne pour le yen et l’euro. La BCE et la Banque du Japon ont des portefeuilles obligataires qui ont anéanti leurs fonds propres, et plus encore. Toutes les banques centrales occidentales qui se sont livrées au QE ont le même problème. En revanche, la Banque centrale russe et la Banque populaire de Chine n’ont procédé à aucun QE et ont des bilans sains. La hausse des taux d’intérêt dans les devises occidentales est désormais certaine et sera encore plus grande du fait de la réponse agressive de la Russie aux sanctions occidentales. Cela accélère la faillite de l’ensemble du système bancaire occidental et l’éclatement de l’énorme bulle financière laissera à peine plus que des économies en déclin.
Poutine a pris comme modèle l’accord Nixon/Kissinger de 1973 avec les Saoudiens pour n’accepter que des dollars américains en paiement du pétrole et utiliser son rôle dominant au sein de l’OPEP pour forcer les autres membres à lui emboîter le pas. En tant que premier exportateur mondial d’énergie, la Russie déclare désormais qu’elle n’acceptera que le rouble, appliquant ainsi à sa monnaie la stratégie du pétrodollar. Et même l’Arabie Saoudite courbe l’échine et accepte le renminbi chinois pour son pétrole, mettant un terme symbolique à l’accord pétrodollar Nixon/Kissinger.

L’Occident, c’est-à-dire l’Amérique, l’UE, la Grande-Bretagne, le Japon, la Corée du Sud et quelques autres se sont posés en bouc émissaire. Cette déclaration décrit à peine la stupidité de cette stratégique – un Ignoble Award serait plus proche de la vérité. En supprimant progressivement les combustibles fossiles avant qu’ils ne puissent être entièrement remplacés par des sources d’énergie vertes, un énorme déficit d’approvisionnement en énergie est apparu. Avec un zèle presque religieux, l’Allemagne a stoppé sa production nucléaire. Pas plus tard que le mois dernier, elle a exclu toujours de prolonger la durée de vie de ses installations nucléaires. Non seulement l’ensemble des membres du G7 n’étaient pas préparés à ce que la Russie retourne la situation à son avantage, mais jusqu’à présent, ils n’ont pas encore trouvé de réponse adéquate.
Les premiers effets se font déjà sentir
La Russie a effectivement marchandisé sa monnaie, en particulier pour l’énergie, l’or et la nourriture. Elle suit la Chine dans la même voie. Ce faisant, Elle a porté un coup fatal à l’hégémonie du dollar. En tant que moteur des valeurs monétaires, les matières premières seront la garantie remplaçant les actifs financiers. Il est intéressant d’observer le renforcement du peso mexicain face au dollar (+9,7% depuis novembre 2021) et au réal brésilien (+21% sur un an) Et même le rand sud-africain a gagné 11% au cours des cinq derniers mois . Le fait que ces monnaies flottantes montent nous indique qu’adosser les monnaies aux ressources a ses intérêts, au-delà du rouble et du renminbi.
Mais ayant tourné le dos à l’or, les Américains et leurs épigones occidentaux manquent d’une réponse adéquate. Au contraire, ils vont probablement poursuivre la lutte pour l’hégémonie du dollar plutôt que d’accepter la réalité. Et plus l’Amérique lutte pour affirmer son autorité, plus la probabilité d’une scission du partenariat occidental est grande. L’Europe a désespérément besoin de l’énergie russe, pas l’Amérique. L’Europe ne peut pas se permettre de soutenir inconditionnellement la politique américaine.
C’est bien sûr le pari de la Russie.
Le point de vue de la Russie
Les Russes avaient préparé leur coup
Pour la deuxième fois en huit ans, la Russie a vu sa monnaie minée par l’action occidentale sur l’Ukraine. Après l’avoir vécu en 2014, la Banque centrale russe (RCB) était cette fois mieux préparée. Elle s’était détourné du dollar en ajoutant des réserves d’or officielles. Le système bancaire commercial a été remanié et la gouverneure du RCB, Elvira Nabiullina, en suivant des politiques monétaires classiques au lieu du keynésianisme de ses homologues occidentaux, a contenu les retombées de la guerre en Ukraine. Comme le montre la figure 1, le rouble a diminué de moitié par rapport au dollar par reflexe avant de retrouver ses niveaux d’avant-guerre.

Le lien avec les matières premières est l’or, et la RCB a annoncé que jusqu’à fin juin, elle était prête à acheter de l’or aux banques russes à 5 000 roubles le gramme. L’objectif déclaré était de permettre aux banques de prêter contre la production minière, étant donné que l’or d’origine russe est inclu dans les sanctions. Mais cette décision a encouragé la spéculation selon laquelle le rouble se dirige vers un quasi étalon-or ; peu importe qu’un étalon-or fonctionne dans l’autre sens avec des utilisateurs de la monnaie capables de l’échanger contre de l’or.
En plus d’être, avec l’argent, la définition juridique internationale de la monnaie (le reste étant la devise et le crédit), l’or est une bonne alternative au matières premières, comme le montre la figure 2 ci-dessous. Évalué en grammes d’or, le pétrole brut est aujourd’hui inférieur de 30 % à ce qu’il était dans les années 1950, bien avant que Nixon ne suspende l’accord de Bretton Woods. Pendant ce temps, mesuré en dépréciation des monnaies fiduciaires, le prix a grimpé en flèche et a été extrêmement volatil au cours de son évolution.

Il en va de même pour les autres prix des matières premières, où la stabilité maximale se trouve dans les prix mesurés en grammes d’or. Reprenant l’affirmation de Pozsar sur les devises de plus en plus liées aux matières premières dans Bretton Woods III, il semble que la Russie ait l’intention d’utiliser l’or comme alternative aux matières premières pour stabiliser le rouble. Au lieu d’un taux de change fixe de l’or, c’est par sagesse que la RCB s’est laissée la possibilité de réviser périodiquement le prix qu’elle paiera pour l’or après le 1er juillet.
Le tableau 1 montre comment le taux de change fixe actuel du rouble-or de la BCR se traduit en dollars américains.

Il faudra désormais compter avec le rouble
Bien que les établissements de crédit non russes n’aient pas accès à ce dispositif, il semble que rien n’empêche une banque russe d’acheter de l’or dans un autre centre, comme Dubaï, pour le revendre à la banque centrale russe contre des roubles. Il suffit que le taux dollar/rouble soit favorable à l’arbitrage et la possibilité de régler dans une devise non sanctionnée, comme le renminbi, ou d’avoir accès à des eurodollars qu’il pourra échanger contre des euroroubles (voir ci-dessous) à partir de une banque en dehors des juridictions « hostiles ».
Le taux de change dollar/rouble peut désormais être facilement contrôlé par la RCB, car la manière dont la demande de roubles, en pénurie, est gérée devient une question de politique. La filière bancaire de Gazprom (Gazprombank) est actuellement épargnée par les sanctions de l’Occident et les paiements de gaz et de pétrole de l’UE passeront par elle.
En gros, il existe quatre façons pour un consommateur occidental d’acquérir des roubles :
- En achetant des roubles sur les marchés étrangers.
- En déposant des euros, des dollars ou des livres sterling auprès de Gazprombank et en leur faisant faire la conversion en tant qu’agents de change.
- Par Gazprombank qui augmente sa balance pour fournir du crédit, mais des garanties non sanctionnées seraient nécessaires.
- Par des banques étrangères créant des crédits en roubles qui peuvent être versés à Gazprombank contre la livraison de fournitures d’énergie.
Le dernier de ces quatre est certainement possible, car c’est la base des eurodollars, qui circulent en dehors du système monétaire de New York et sont devenus au cœur de la liquidité internationale. Pour comprendre la création des eurodollars, et donc la possibilité d’un développement du marché de l’eurorouble, nous devons plonger dans le monde de la création de crédit.
La mécanique de l’eurorouble
Les étrangers peuvent détenir des soldes en dollars de deux manières. La manière communément utilisé est par le biais du système bancaire correspondant. Votre banque, disons en Europe, gèrera des comptes de dépôt auprès de ses banques correspondantes à New York (JPMorgan, Citi, etc.). Ainsi, si vous effectuez un dépôt en dollars, le crédit sur votre compte se conciliera avec le changement du compte correspondant de votre banque à New York.
Supposons maintenant que vous demandiez à votre banque européenne un prêt en dollars. Si le prêt est convenu, il apparaît comme un actif en dollars sur le bilan de votre banque, qui, grâce à une comptabilité en partie double, correspond à un passif en dollars en votre faveur, l’emprunteur. Il ne peut en être autrement et est à la base de toute création de crédit bancaire. Mais notez que dans la création de ces soldes, le système bancaire américain n’est en aucune façon impliqué, c’est pourquoi et comment les eurodollars circulent, étant fongibles mais distincts des dollars aux États-Unis.
Par la même méthode, on a pu assister à la naissance et à l’expansion rapide d’un marché de l’eurorouble. Il suffit qu’une banque crée un emprunt en roubles, assorti en comptabilité, en partie double, d’un acompte utilisable pour les paiements. Peu importe la devise dans laquelle la banque gère son bilan, tant qu’elle dispose d’un livre de comptes, elle a accès à des liquidités en roubles comme contrepartie crédible.
Cela suggère que les banques de la zone euro et du Japon ne peuvent avoir qu’une participation limitée car elles sont déjà très fortement endettées. Les banques les mieux à même de gérer les soldes de l’eurorouble sont américaines et chinoises, car elles sont plus prudentes sur leur ratios actifs/fonds propres. De plus, les grandes banques chinoises appartiennent majoritairement à l’État et ont déjà des intérêts commerciaux et monétaires avec la Russie, ce qui leur donne un accès privilégié aux liquidités en rouble.

L’Occident aux abois
Nous avons remarqué que les grandes banques américaines n’hésitent pas à traiter avec les Chinois malgré cette politique, elles aimeraient probablement avoir la possibilité de participer à l’eurorouble. Mais rien que cette semaine, le gouvernement américain leur a interdit de payer plus de 600 millions de dollars aux détenteurs de la dette souveraine russe . Il faut donc supposer que les banques américaines ne peuvent pas participer, ce qui laisse le champ libre aux mégabanques chinoises. Et toute tentative d’augmenter les sanctions contre la Russie, peut-être en ajoutant Gazprombank à la liste des sanctionnés, n’aboutit à rien, exclut définitivement les banques américaines de l’action et renforce l’intégration financière entre la Russie et la Chine. Le gouffre entre les devises adossées à des matières premières et le système financier fiduciaire d’antan ne fait que s’élargir.
Pour l’heure, de nouvelles sanctions sont sujet de spéculations. Mais Gazprombank, avec l’aide de la banque centrale russe, jouera un rôle clé dans l’approvisionnement du marché international en roubles en liquidités de gros, au moins jusqu’à ce que le marché acquière une grande quantité de liquidité. En retour, Gazprombank peut agir comme un recycleur de dollars et d’euros gagnés grâce aux excédents commerciaux sans qu’ils n’entrent dans les réserves officielles. Le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling sont les devises des « hostiles », de sorte que les seules rétentions seront probablement le renminbi et l’or.
Pour des lendemains dorés, cliquez sur la couverture !
De cette manière, on pourrait s’attendre à ce que le rouble, l’or et les matières premières tendent à augmenter en tandem. On voit le processus par lequel, comme l’a dit Zoltan Pozsar, Bretton Woods III, qui est un régime monétaire mondial basé sur les matières premières, peut prendre le relais de Bretton Woods II, qui lui est caractérisé par la financiarisation des monnaies. Et il n’y a pas que la Russie et ses roubles. C’est un objectif partagé par la Chine.
Les effets économiques d’une monnaie forte adossée à des matières premières défient les croyances monétaires et économiques répandues en Occident. Mais les conséquences qui découlent d’une monnaie plus forte sont souhaitables : baisse des taux d’intérêt, richesse restant dans le secteur privé et échappatoire à l’inévitable faillite des monnaies occidentales et de leurs marchés de capitaux. Les arguments en faveur du découplage du système monétaire dominé par le dollar sont soudainement devenus convaincants.
Les conséquences pour l’Occident
Gardez votre or, gardez votre puissance
La plupart des commentaires occidentaux sont enthousiastes à l’idée de nouvelles sanctions contre la Russie. Relativement peu de commentateurs indépendants ont souligné qu’en sanctionnant la Russie et en gelant ses réserves de change, l’Amérique détruit sa propre hégémonie. Les bénéfices des réserves d’or ont également été ostensiblement dirigés vers ceux qui les ont. De plus, les banques centrales qui laissent leurs réserves d’or dans les coffres des banques centrales occidentales les exposent à des sanctions, si les nations qui les possèdent devaient tomber sous le coup de l’Amérique. Sans aucun doute, la question fait l’objet de discussions dans le monde entier et certaines demandes de rapatriement de lingots ne manqueront pas de suivre.
Il y a aussi le problème des baux et des échanges d’or, essentiels pour fournir des liquidités sur les marchés de l’or, mais qui conduisent à un faux comptage des réserves. En effet, selon les procédures comptables du FMI, les soldes d’or loués et échangés sont enregistrés comme s’ils étaient toujours sous la propriété et le contrôle d’une banque centrale, malgré le transfert de lingots à une autre partie dans des comptes non alloués.
Personne ne connaît l’ampleur des échanges et des baux, mais il est probable qu’elle soit importante, étant donné les preuves d’interventions sur les prix de l’or au cours des cinquante dernières années. Les pays qui ont eut la chance de gagner des frais et des intérêts pour couvrir les coûts de stockage et transformer le stockage de lingots d’or en une activité rentable (mesurée en monnaie fiduciaire) sont désormais à la marge, susceptibles de ne pas renouveler les accords d’échange et de location et d’exiger la réaffectation des lingots dans des comptes réservés, ce qui drainerait la liquidité des marchés de l’or. Une hausse du prix de l’or ne manquera pas de s’ensuivre.

Devise non-adossée, mauvaise idée
Depuis la suspension de Bretton Woods en 1971, le gouvernement américain a tenté de supprimer l’or au profit du dollar, encourageant la croissance des dérivés de l’or pour absorber la demande. Que l’or soit passé de 35 $ à 1920 $ aujourd’hui démontre la futilité de ces politiques. Mais, du moins foncièrement, l’establishment américain est toujours violemment anti-or.
Comme le montre clairement la figure 2 ci-dessus, le lien entre les prix des matières premières et l’or a perduré à travers tout cela. C’est ce facteur qui échappe complètement à l’analyse courante, chaque analyste des matières premières supposant dans ses calculs une valeur objective constante pour le dollar et les autres devises, la subjectivité des prix se limitant à la seule matière première. L’utilisation de graphiques et d’autres méthodes de prévision des prix des produits de base suppose, comme une règle d’or, que les variations de prix dans les transactions ne proviennent que des fluctuations de la valeur de ces produits.
La vérité derrière les prix mesurés en devises non-adossées est démontrée par le coût du pétrole évalué en or ayant diminué d’environ 30 % depuis les années 1960. Cela est logique compte tenu des nouvelles technologies d’extrac
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