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ACCORD MAJEUR : L’IRAN ET L’ARABIE SAOUDITE ACCEPTENT DE RÉTABLIR LEURS RELATIONS AVEC L’AIDE DE LA CHINE

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Alliance Chine- Iran- Arabie Saoudite

Voici ce que cela signifie pour le Moyen-Orient et le monde

Le fossé amer qui sépare les pays du Golfe peut-il enfin être comblé ?

Vendredi, l’Iran et l’Arabie saoudite, adversaires régionaux de longue date, ont fait une grande annonce : Ils vont rétablir leurs relations diplomatiques dans le cadre d’un accord négocié par la Chine.

Les experts de l’Atlantic Council nous font part de leur point de vue sur cette nouvelle et sur son importance pour l’une des rivalités les plus importantes du Moyen-Orient, pour la région et pour le reste du monde. Nous mettrons à jour cet article au fur et à mesure que d’autres contributions nous parviendront.

Cette apparente désescalade est assortie de deux importantes mises en garde

Les intérêts américains dans le Golfe sont plus sûrs si les nations qui l’entourent travaillent activement à la désescalade des tensions mutuelles. C’est ce qui s’est passé lorsqu’un accord de sécurité conclu en 2001 entre l’Arabie saoudite et l’Iran a permis d’éviter un conflit actif pendant dix ans, malgré une profonde méfiance mutuelle, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Nous devrions donc nous réjouir de la nouvelle du rétablissement des liens diplomatiques entre ces deux nations, à la suite de l’accord conclu l’année dernière entre les Émirats arabes unis (EAU) et l’Iran en vue d’échanger à nouveau des ambassadeurs.

Toutefois, cette fois-ci, l’accord est assorti de deux mises en garde, qui soulèvent chacune d’importantes questions stratégiques pour les États-Unis.

La première, la plus évidente, est que c’est la Chine qui a réuni les deux parties, avec une annonce coïncidant avec le début du troisième mandat du président Xi Jinping. Après de nombreuses années de proclamations de la part de Pékin selon lesquelles elle souhaitait simplement établir des relations économiques au Moyen-Orient et ne cherchait pas à exercer une quelconque influence politique, nous pouvons voir clairement que ces déclarations sont fausses.

En effet, depuis deux décennies, la Chine ne cesse d’accroître son influence politique dans la région, comme en témoignent la visite de Xi à Riyad en décembre et celle du président iranien Ebrahim Raisi à Pékin le mois dernier. Hier, la Chine a promis que ses intérêts dans la région étaient uniquement économiques et qu’elle ne voulait pas être un acteur politique majeur ; aujourd’hui, la Chine promet qu’elle ne veut qu’une influence diplomatique, et non une présence militaire régionale. Le monde n’aurait jamais dû croire les promesses d’hier et il ne devrait certainement pas croire celles d’aujourd’hui.

Deuxièmement, cette annonce intervient alors que les États-Unis et Israël se coordonnent étroitement sur les réponses potentielles à apporter au programme nucléaire iranien en cours, avec des exercices militaires conjoints et la visite du conseiller israélien à la sécurité nationale à la Maison Blanche cette semaine, avant le voyage en Europe du Premier ministre Benjamin Netanyahu sur le sujet.

Si la Maison Blanche peut se réjouir de cette désescalade, ce n’est pas le cas du gouvernement israélien, qui interprétera cette initiative comme visant à réduire la menace d’une action militaire contre l’Iran.

Il ne serait pas surprenant que la prochaine annonce soit une reprise des discussions américano-iraniennes sur le plan d’action global conjoint (JCPOA), une fois de plus sous l’égide de la Chine. Bien que je reste sceptique quant à la probabilité d’un tel accord (ou même à son opportunité) dans les circonstances actuelles, une telle annonce serait bien accueillie à Washington mais considérée à Jérusalem comme une diminution de la dissuasion américano-israélienne contre l’Iran.

William F. Wechsler est directeur principal du Rafik Hariri Center et des Middle East Programs à l’Atlantic Council et ancien secrétaire adjoint américain à la défense pour les opérations spéciales et la lutte contre le terrorisme.

Le rôle de la Chine est un avertissement aux États-Unis pour qu’ils n’abandonnent pas le Moyen-Orient

La décision de l’Iran et de l’Arabie saoudite de renouer des liens diplomatiques et d’échanger des ambassadeurs s’inscrit dans le prolongement d’un engagement discret qui dure depuis des années et d’une croissance significative des échanges commerciaux entre les deux pays en 2022.
Mais elle reflète surtout la volonté de l’Arabie saoudite de faire baisser la température avec l’Iran.

Malgré tout ce qui a été dit sur le renforcement des liens sécuritaires et commerciaux, et sur une éventuelle normalisation, entre l’Arabie saoudite et Israël, l’objectif stratégique fondamental et unique de Riyad est la diversification de l’économie du pays en dehors des hydrocarbures.

Pour ce faire, Riyad considère que sa sécurité est primordiale pour garantir que le forage, le transport et les ventes de pétrole ne soient pas perturbés et que le pays soit considéré comme un endroit sûr pour les investissements directs étrangers à long terme. Ces deux éléments pourraient facilement être compromis par des attaques de l’Iran ou de ses mandataires, une probabilité réduite par cet accord.

Par ailleurs, ce rapprochement intervient à un moment où la situation avec l’Iran s’aggrave pour les États-Unis et Israël. L’enrichissement par l’Iran de particules d’uranium à 83,7 % – tout près de la pureté de 90 % nécessaire à la fabrication d’armes – suscite de vives inquiétudes parmi les responsables politiques israéliens et américains.

En concluant maintenant cet accord avec l’Arabie saoudite, Téhéran y voit probablement une occasion de ralentir les relations croissantes entre l’Arabie saoudite et Israël.

Riyad poursuivra probablement sa coopération avec Jérusalem en matière de sécurité et de renseignement, mais Téhéran fait probablement le pari que ses homologues saoudiens seront moins enclins à permettre une action militaire israélienne et/ou américaine contre l’Iran.

Toutefois, l’aspect le plus intéressant de cette évolution pourrait être le rôle joué par la Chine dans la négociation de l’accord. Au Moyen-Orient et aux États-Unis, beaucoup estiment que la Chine n’a qu’un intérêt économique passif dans la région et qu’elle se contente d’être un passager clandestin des garanties de sécurité américaines.

Ayant conclu hier à Doha une conférence sur les liens entre la Chine et le MENA, je peux attester que ce thème a été abondamment abordé par les experts présents. Mais les liens économiques et commerciaux cèdent souvent la place à un engagement politique, qui peut éventuellement déboucher sur une coopération en matière de renseignement et de sécurité.

Nous assistons peut-être aujourd’hui à l’émergence du rôle politique de la Chine dans la région, ce qui devrait constituer un avertissement pour les responsables politiques américains :

Quittez le Moyen-Orient et abandonnez les liens avec des alliés de longue date, parfois frustrants, voire barbares, et vous ne ferez que laisser un vide que la Chine pourra combler. Et ne vous y trompez pas, un Moyen-Orient dominé par la Chine nuirait fondamentalement à la sécurité commerciale, énergétique et nationale des États-Unis.

Jonathan Panikoff est directeur de l’initiative Scowcroft pour la sécurité au Moyen-Orient dans le cadre des programmes pour le Moyen-Orient. Il a été responsable adjoint du renseignement national pour le Proche-Orient au sein du Conseil national du renseignement des États-Unis. Les opinions exprimées dans cette publication sont celles de l’auteur et n’impliquent pas l’approbation de l’Office of the Director of National Intelligence, de l’Intelligence Community ou de toute autre agence gouvernementale américaine.

Ce n’est ni la fin d’une époque ni le début d’une autre

Washington ne devrait ni surréagir ni sous-réagir à l’annonce faite aujourd’hui que la Chine a joué un rôle dans la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran. D’autres pays plus favorables aux États-Unis, notamment l’Irak, avaient facilité les échanges entre les diplomates et les responsables de la sécurité iraniens et saoudiens.

Le rôle public de la Chine dans l’annonce d’aujourd’hui montre son intérêt à faire quelque chose que peu d’autres pays auraient pu faire : gagner la confiance des deux parties.

La reprise des relations diplomatiques entre Téhéran et Riyad ne devrait pas entraîner de changement majeur dans la situation sécuritaire du Golfe. D’une manière générale, le monde devrait se réjouir d’une réduction des tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite, tensions qui ont conduit à la poursuite de la violence et de l’instabilité au Yémen et dans les eaux entourant la péninsule arabique. Pour des raisons plus géopolitiques que religieuses, l’Iran et l’Arabie saoudite se regarderont toujours avec méfiance.

Washington ne doit donc pas considérer l’annonce d’aujourd’hui comme la fin d’une ère ou le début d’une autre.

Toutefois, cette annonce devrait inciter le Congrès et l’administration Biden à vérifier si l’approche de Washington en matière de sécurité dans le Golfe sert les intérêts de sécurité à long terme des États-Unis.

Ceux-ci sont différents de ce qu’ils étaient il y a quarante ou même vingt ans. La Chine est un client majeur du pétrole de l’Arabie saoudite et de l’Iran. Les États-Unis ne reçoivent pas de pétrole de l’Iran et relativement peu de l’Arabie saoudite. La nature des marchés pétroliers mondiaux signifie toutefois que les États-Unis ont toujours un intérêt économique et sécuritaire à garantir la libre circulation du pétrole des pays non sanctionnés vers les marchés mondiaux.

L’information selon laquelle l’Arabie saoudite a proposé à Washington des conditions pour la normalisation des relations avec Israël est un élément qui devrait être au centre des préoccupations de la diplomatie américaine en ce moment.

Il se peut que les conditions de Riyad ne puissent pas être respectées par Washington, mais l’annonce de l’implication de la Chine dans le rétablissement des liens diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran montre que la diplomatie au Moyen-Orient est bien vivante et qu’elle ne passe pas toujours par Washington.

– Thomas S. Warrick est maître de conférences non résident au Centre Scowcroft pour la stratégie et la sécurité (Forward Defense Practice) et à l’Initiative Scowcroft pour la sécurité au Moyen-Orient (Scowcroft Middle East Security Initiative) du Conseil atlantique.

L’Iran ne change pas son objectif stratégique de domination régionale

Washington peut voir à la fois le verre à moitié plein et à moitié vide, dans l’annonce de la reprise des relations diplomatiques irano-saoudiennes, négociée par la Chine.

Le verre à moitié plein : la réduction des tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite est un objectif auquel les États-Unis ont souscrit, après avoir soutenu les précédents cycles de négociations en Irak et à Oman.
S’il est mis en œuvre – une mise en garde essentielle – il pourrait contribuer à mettre fin à la guerre au Yémen, comme le souhaitent les États-Unis, et à réduire les tensions en Irak, qui ont conduit à prendre pour cible les forces américaines.

Le verre à moitié vide : voir l’influence de la Chine augmenter en démontrant sa capacité à tirer parti de ses relations constructives avec les deux parties des conflits au Moyen-Orient est troublant et constitue une preuve supplémentaire des doutes dans la région, même parmi les partenaires américains, quant à la capacité de résistance des États-Unis.

Mais la Chine et les Saoudiens prennent un grand risque en misant sur les bonnes intentions de l’Iran.

Si l’Iran a choisi à plusieurs reprises d’intensifier ou de désamorcer les tensions avec ses voisins, rien n’indique un changement dans les objectifs stratégiques du régime, qui comprennent la domination régionale étayée par son programme nucléaire, qui continue de s’étendre, une large extension de son influence par l’intermédiaire de mandataires terroristes au Liban, en Irak et au Yémen, et une hostilité ouverte à l’égard d’Israël, un partenaire clé des États arabes du Golfe, même si, dans le cas de l’Arabie saoudite, ce n’est qu’officieusement.
Le rapprochement saoudo-iranien survivra-t-il au premier retour à la forme de l’Iran pour mettre en œuvre sa vision stratégique inchangée ? Et quels outils la Chine peut-elle mettre sur la table lorsque les termes et l’esprit de l’accord sont violés par Téhéran ?

Cela rappellera à Riyad que Pékin, malgré toute son influence économique et désormais diplomatique, n’est pas un partenaire fiable pour assurer la sécurité du royaume.

Les Saoudiens espèrent peut-être que le fait de se tourner vers la Chine leur permettra d’obtenir plus d’armes, de garanties de sécurité et de technologies nucléaires civiles de la part des États-Unis, en contrepartie d’un accord de normalisation avec Israël. Mais leur besoin de soutien américain ne diminuera pas et ils devront démontrer à une administration, à un Congrès et à un public américain sceptiques qu’ils ne se tournent pas vers la Chine pour aligner leurs intérêts sur ceux des États-Unis.

– Daniel B. Shapiro est directeur de l’initiative N7 et membre éminent du Conseil atlantique. Il a été ambassadeur des États-Unis en Israël de 2011 à 2017.

La Chine a fait sa première grande incursion dans la diplomatie du Moyen-Orient

On a longtemps pensé que le fait que la Chine soit à cheval sur les deux rives du Golfe n’était pas tenable à long terme et que Pékin finirait par se comporter comme les autres pays et par choisir un camp.
C’est méconnaître les fondements de sa diplomatie de partenariat stratégique, qui est basée sur les intérêts et axée sur le développement de relations bilatérales plutôt que sur la recherche d’un équilibre avec une tierce partie.

Pékin a été en mesure d’intensifier ses relations des deux côtés du Golfe, tout en développant son capital diplomatique d’une manière que d’autres puissances extrarégionales ne peuvent pas faire.

Le contraste évident est celui des États-Unis, qui n’ont pas d’influence positive sur Téhéran ; la Chine a un bâton, mais elle utilise des carottes économiques et axées sur le développement, tandis que les États-Unis se contentent d’utiliser le bâton.

Cet engagement entre l’Arabie saoudite et l’Iran peut déboucher sur quelque chose de positif, mais il peut aussi s’essouffler. Il est trop tôt pour le considérer comme autre chose qu’un premier pas dans la bonne direction. Il s’agit toutefois d’une première incursion importante de la Chine dans la diplomatie régionale. Depuis au moins janvier dernier, Pékin signale qu’elle est prête à promouvoir une vision du Moyen-Orient qui ne soit pas centrée sur les États-Unis, ce qui est un signe des choses à venir.

– Jonathan Fulton est maître de conférences non résident pour les programmes sur le Moyen-Orient et l’initiative Scowcroft sur la sécurité au Moyen-Orient au Conseil atlantique.

La Chine vient de laisser les États-Unis avec un nez ensanglanté dans le Golfe

Les ambitions chinoises de médiation entre l’Arabie saoudite et l’Iran ne sont pas nouvelles. Les plans chinois en cinq points, présentés par le haut diplomate chinois Wang Yi il y a deux ans, exposent la vision chinoise de la sécurité régionale et donnent un aperçu de l’objectif de Pékin de devenir un acteur régional.

Pour la Chine, l’accord renforce sa légitimité en tant que médiateur diplomatique de poids, capable de résoudre la compétition géostratégique la plus antagoniste de la région. Il pourrait créer les premières conditions d’un changement d’équilibre stratégique dans le cadre de la rivalité avec les Etats-Unis dans le Golfe.

Les ambitions de la Chine de se positionner comme un pacificateur crédible ont une portée plus large, couvrant les conflits en Syrie, en Libye et au Yémen, en particulier après cet accord.

Cela pourrait poser problème à Washington. L’hésitation des États-Unis à consacrer davantage de capital politique à la médiation des conflits est de plus en plus perçue au Moyen-Orient comme une preuve du déclin de la puissance des États-Unis et de leur focalisation sur la concurrence avec la Chine dans la région indo-pacifique.

L’accord pourrait également offrir aux dirigeants chinois davantage d’options stratégiques, car la désescalade des tensions entre Riyad et Téhéran crée une mince couche de sécurité et de stabilité nécessaire aux exportations de pétrole à destination de la Chine, aux lignes de communication maritimes commerciales et aux investissements chinois dans le cadre de la Ceinture et de la Route.

Pour l’Arabie saoudite et l’Iran, l’engagement ostensible de la Chine en faveur du principe de « non-ingérence » et sa politique régionale de « non-alignement » confèrent une grande crédibilité à sa position d’intermédiaire.

Pour être clair, les deux pays semblent unis dans leurs griefs à l’égard de l’administration Biden, bien qu’à des niveaux différents. Néanmoins, bien que l’Irak ait accueilli la majeure partie des pourparlers, le désir de la Chine de prendre les devants a rencontré la volonté de Riyad et de Téhéran de lui offrir une victoire diplomatique – une indication claire de l’influence croissante de la Chine sur les deux plus grandes puissances du Golfe.

Il reste à voir si la médiation chinoise se poursuivra à l’avenir et si elle s’appliquera à d’autres conflits régionaux. Quoi qu’il en soit, la Chine vient de laisser aux États-Unis un nez qui saigne dans le Golfe.

– Ahmed Aboudouh est chercheur non résident au sein du programme Moyen-Orient de l’Atlantic Council.

Quel rôle a joué une chaîne de télévision de la diaspora iranienne dans l’accord ?

La visite de trois jours de M. Raisi à Pékin en février, la première d’un président iranien depuis vingt ans, s’accompagne d’un événement inattendu : la reprise des relations bilatérales entre le Royaume d’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran après sept ans d’absence.

Les relations entre les voisins du golfe Persique ont été rompues après que des manifestants ont pris d’assaut les missions saoudiennes à Téhéran et à Mashhad en réponse à l’exécution de Nimr al-Nimr, un religieux chiite et critique de l’Arabie saoudite, en janvier 2016.

Depuis avril 2021, des pourparlers ont été organisés sous l’égide de Bagdad pour tenter de rétablir les liens bilatéraux entre les deux acteurs régionaux. Les sixièmes pourparlers devaient reprendre juste au moment où des manifestations antigouvernementales de masse ont été déclenchées en Iran à la suite de l’assassinat de Mahsa Jina Amini en septembre 2022. Les pourparlers auraient été interrompus en raison de la couverture des manifestations par la chaîne satellite de la diaspora iranienne Iran International, que l’establishment religieux considère comme financée par l’Arabie saoudite et responsable de la fomentation des troubles dans tout le pays au cours des cinq derniers mois.

Le Guardian a rapporté en 2018 que le point de vente – surnommé par certains Iraniens « Saudi International » – est financé par une société appartenant à un homme d’affaires saoudien entretenant des liens étroits avec le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman. Cependant, selon l’Associated Press, le propriétaire de la chaîne, Voltant Media, n’appartient plus à un ressortissant saoudien.

Certains Iraniens se demandent quel sera l’impact de la reprise des liens bilatéraux sur Iran International. Depuis octobre 2022, la chaîne en langue persane, tout comme BBC Persian, est sanctionnée par Téhéran en raison d’accusations infondées de « soutien au terrorisme » et d’« incitation aux émeutes » pour sa couverture des manifestations.

Un journaliste basé en Iran a tweeté, sans fournir de preuves (et dont le tweet a été partagé sur une chaîne Telegram du Corps des gardiens de la révolution islamique), que Riyad s’était engagé à ne pas attiser les tensions par l’intermédiaire de la chaîne satellitaire en langue persane. Cela pourrait bien avoir été l’une des conditions posées par l’Iran pour reprendre les relations.

Fin février, la chaîne basée au Royaume-Uni a dû suspendre ses activités à Londres et se relocaliser à Washington après de nombreuses menaces proférées par l’appareil sécuritaire de la République islamique à l’encontre de ses journalistes et un incident qui a entraîné l’arrestation d’un ressortissant autrichien par son siège pour « collecte d’informations d’un type susceptible d’être utile à une personne commettant ou préparant un acte de terrorisme ».

– Holly Dagres est chargée de recherche non résidente au sein des programmes du Conseil atlantique pour le Moyen-Orient.

L’Arabie saoudite joue sur plusieurs tableaux à la fois

Il est trop tôt pour juger de la profondeur ou de la durabilité du rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Mais il est important de le replacer dans son contexte :

Ces délibérations durent depuis un certain temps et se sont déroulées parallèlement aux délibérations entre Israël et l’Arabie saoudite.

Les Saoudiens sont opportunistes à tout moment : ils sont confrontés à des tensions croissantes dans leur pays, à une perte d’influence dans le monde musulman et à des relations tendues avec les États-Unis. C’est pourquoi ils se protègent.

Les Émirats arabes unis ont montré qu’ils pouvaient trouver un équilibre délicat en entretenant simultanément des relations froides mais cordiales avec les Iraniens et des relations chaleureuses avec les Israéliens. Les parties comprennent et apprécient les intérêts géopolitiques de leurs voisins. Il ne fait donc aucun doute qu’