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La géopolitique de l’idéologie moderne progressiste : une analyse critique par Rachid Achachi
Rachid Achachi est un chercheur en géopolitique, consultant, conférencier et analyste/chroniqueur, également fondateur du média Onde de Choc TV.
Il propose une méthode transdisciplinaire pour analyser la relation entre les peuples, les États et leur environnement, en tenant compte de l’imaginaire, de la symbolique, de la géographie, du climat et de l’histoire.
Dans notre entretien, il expose sa vision critique de la modernité, de ses origines, de ses caractéristiques et de ses conséquences, ainsi que des différentes théories politiques qui en découlent, comme le libéralisme, le communisme et le fascisme.
Il aborde également les enjeux géopolitiques actuels, notamment le conflit ukrainien, la postmodernité, le capitalisme et les minorités et expose comment développer une vision rationnelle et critique du monde.

La géopolitique comme méthode transdisciplinaire
La géopolitique est l’étude de la relation évolutive entre les peuples, les États et leur environnement.
Elle prend en compte la dimension civilisationnelle, culturelle, religieuse, spirituelle, et s’intéresse à la longue durée et à l’imaginaire des peuples.
Elle permet de comprendre les logiques profondes qui animent les acteurs du monde, au-delà des apparences et des discours officiels et nécessite de maîtriser plusieurs disciplines, comme l’anthropologie, la sociologie, la psychologie, l’histoire, la géographie, etc.
Elle combine ces disciplines entre elles pour apporter des éclairages nouveaux et pertinents.

La modernité comme paradigme historique et géographique
La modernité est un paradigme historique et géographique qui émerge dans le monde occidental à partir des Lumières.
Elle fait de l’individu le sujet de l’histoire, porteur de volonté, de liberté et de rationalité et inverse le rapport au temps et à l’espace, en privilégiant le futur et le progrès.
Elle détruit les traditions, les ancrages et les rapports au monde qui entravent l’émancipation de l’individu.
Elle produit des théories politiques qui visent à organiser la société selon les principes de la modernité, comme le libéralisme, le communisme et le fascisme.

Les théories politiques issues de la modernité
Le libéralisme, le communisme et le fascisme sont des produits de la gauche historique, qui est le moteur de la modernité.
Ils partagent la même vision du monde, basée sur l’individu, la raison, le progrès et l’universalisme. Ils se distinguent par la manière dont ils conçoivent le sujet politique, l’État et l’économie.
- Le libéralisme fait de l’individu le sujet politique et économique.
Il adopte un État contractuel et une économie de marché. Il défend les droits de l’homme, la démocratie et la liberté d’expression.
- Le communisme fait de la classe prolétarienne le sujet historique.
Il vise à abolir toutes les classes par la dictature du prolétariat. Il défend l’égalité, la justice sociale et la planification économique.
- Le fascisme fait de l’État le sujet collectif.
Il cherche à dominer tous les aspects de la vie sociale, politique et économique. Il défend l’ordre, la discipline et la soumission.
- Le nazisme fait de la race aryenne le sujet mythique.
Il cherche à retrouver sa pureté originelle par le génocide. Il défend la supériorité, la violence et la haine.

Les contradictions et les dérives de la modernité
La modernité est confrontée à des contradictions internes et externes qui la fragilisent et la menacent.
Elle engendre des formes chimériques, qui mêlent des aspects du libéralisme, du communisme et du fascisme et provoque une crise de l’individu, qui se retrouve confronté à un nihilisme, à une perte de sens et à une déshumanisation.
- Le triomphe du libéralisme sur les autres théories politiques, qui entraîne une perte de dialectique et une dérive autoritaire.
- Le libéralisme devient un dogme qui s’impose à tous les peuples, sans tenir compte de leur diversité et de leur souveraineté.
- Il se transforme en néolibéralisme, qui favorise les intérêts des oligarchies financières au détriment du bien commun.
- L’apparition de formes chimériques, qui mêlent des aspects du libéralisme, du communisme et du fascisme.
- Ces formes sont par exemple le socialisme de marché, le capitalisme d’État, le populisme, le nationalisme, etc.
- Elles sont le résultat de la crise de la modernité, qui ne parvient plus à offrir un modèle cohérent et satisfaisant.
- La crise de l’individu, qui se retrouve confronté à un nihilisme, à une perte de sens et à une déshumanisation.
- L’individu moderne est coupé de ses racines, de sa communauté, de sa transcendance. Il est réduit à un consommateur, à un producteur, à un électeur.
- Il est manipulé par les médias, les sondages, les chocs émotionnels. Il est dépossédé de sa liberté, de sa responsabilité, de sa dignité.
Le conflit ukrainien comme guerre des mondes
Le conflit ukrainien est un exemple de la géopolitique de l’idéologie moderne progressiste.
Il oppose deux blocs civilisationnels : l’Occident et la Russie.
L’Occident manipule l’Ukraine pour affronter la Russie et les BRICS, qui sont des puissances émergentes contestant l’hégémonie occidentale.
L’Ukraine devient un symbole religieux pour les pro-ukrainiens et les pro-russes, qui se réclament respectivement du catholicisme et de l’orthodoxie.
Le conflit ukrainien révèle les limites et les dangers de la modernité, qui cherche à imposer son modèle à tous les peuples, sans respecter leur diversité et leur souveraineté.

La postmodernité comme phase autophagique de la modernité
La postmodernité est la phase actuelle de la modernité, qui s’attaque à ses propres fondements.
Elle remet en cause la rationalité, le genre, la biologie, qui étaient les piliers de la modernité et réhabilite le magique, l’irrationnel, le subjectif, qui étaient les ennemis de la modernité.
Elle produit des phénomènes comme le relativisme, le multiculturalisme, le transhumanisme, qui sont des formes de nihilisme.
La postmodernité est une phase autophagique de la modernité, qui se dévore elle-même et menace l’humanité.
Le capitalisme et les minorités
Le capitalisme est le système économique dominant qui sponsorise les minorités pour fragmenter la base prolétaire.
Il utilise le progressisme comme moyen de déconstruction des identités et des frontières nationales, tout en exerçant un contrôle sur les groupes minoritaires.
Il favorise l’émergence de formes de néo-tribalisme, telles que les mouvements LGBT, féministes et racialistes, qui sont des idéologies modernes et pernicieuses qui nient la diversité des fonds anthropologiques.
Dans cette perspective, le capitalisme est l’ennemi principal des peuples, lesquels sont appelés à se libérer de son emprise et à rétablir leur souveraineté.

La tradition comme constante anthropologique
La tradition est une constante anthropologique qui assure à un peuple une harmonie avec lui-même et confère un sens à l’existence, à la vie et à la mort.
Elle est un élément dynamique et organique, capable de se renouveler en permanence. Cependant, elle est menacée par la modernité, qui tend à éliminer ou à substituer les éléments traditionnels, ainsi que par la postmodernité, qui cherche à déconstruire ou à subvertir ces mêmes éléments.
La tradition est une protection contre la modernité et la postmodernité, jugées comme des anomalies historiques et géographiques.
L’archéo-modernité comme superposition de strates
L’archéo-modernité est un concept qui suggère que la modernité n’est pas venue abolir la tradition, mais s’est greffée sur elle.
Cette coexistence engendre des superpositions, des contradictions et des tensions entre les strates modernes et traditionnelles.
La manière dont cela se manifeste varie selon les régions, les cultures, les histoires et les perceptions du monde.
Cette dynamique crée des situations complexes et multidimensionnelles nécessitent une analyse fine et nuancée et offre également des opportunités de dialogue et de réconciliation entre les peuples, leur permettant de se reconnaître dans leur archéo-modernité respective.

La réalité comme un objet complexe et multidimensionnel
La réalité est un concept complexe, loin d’être monolithique ou compartimentée. Elle se présente plutôt comme un organisme vivant, nécessitant une approche multidisciplinaire pour être pleinement appréhendée.
Les différentes disciplines agissent comme des lentilles à combiner selon les situations et il est crucial d’éviter les écueils du déterminisme géographique ou historique, qui réduisent la réalité à une seule dimension, ainsi que ceux du relativisme ou du subjectivisme, qui nient la réalité au profit d’opinions personnelles.
Pour comprendre la réalité dans toute sa complexité et sa multidimensionnalité, il est essentiel d’utiliser la raison, la critique et l’humilité dans notre approche.
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