Sommaire
Quelques bases
Le bitcoin est la monnaie virtuelle la plus célèbre parmi environ 1 597 autres cybermonnaies. Née un an après la crise de 2008, elle a commencé à prendre de l’ampleur suite aux révélations d’Edward Snowden concernant la surveillance de masse par la NSA (Agence nationale de la sécurité US). La particularité de cette monnaie est qu’elle circule librement sans entrave ni frais et ne dépend d’aucun État, d’aucune banque, ni d’une quelconque autorité centrale. De plus, elle ne repose sur aucune réalité tangible mise à part la confiance qu’on lui accorde, ce qui lui octroie de fortes possibilités de fluctuations, ainsi que des risques de cryptojacking.
Le bitcoin s’acquiert grâce à un procédé appelé « minage » qui consiste à résoudre des problèmes mathématiques complexes (équations de cryptographie) pour le réseau bitcoin. Comme récompense pour leurs services, les « mineurs » collectent les cryptoactifs nouvellement créés ; un bloc de transactions supplémentaires associé à une récompense en cryptomonnaie est constitué. Tout ordinateur appartenant au réseau bitcoin garde une trace de ses transactions grâce à la blockchain, un système virtuel et décentralisé sur lequel reposent les principes de transparence et d’anonymat des cryptomonnaies. Chaque ordinateur qui possède une copie de la blockchain est considéré comme « nœud » du réseau et le tient à jour. Dès qu’un nœud reçoit un bloc de transactions en cybermonnaie, il le relaie au nœud suivant, puis le valide et met à jour le registre informatique dans lequel toutes les transactions sont inscrites. Ce système de gestion des échanges serait particulièrement sécurisé puisque toute transaction est enregistrée et vérifiée dans la blockchain.
Le cas du bitcoin est particulier, car il n’existe que 21 millions de combinaisons possibles; la monnaie est donc strictement limitée à ce nombre (c’est la seule cryptomonnaie parmi les 1300 autres ayant une rareté numérique). Il y aurait actuellement 75 % ou 80 % de tokens bitcoins résolus et en circulation (16,8 millions de bitcoins), sachant que la difficulté augmente à chaque création. Les individus ayant acheté beaucoup de bitcoins très tôt (les early adopters), concentreraient l’essentiel des richesses et du pouvoir de décision, et ce de manière pratiquement irrémédiable. En effet, environ 30 % de la masse monétaire du bitcoin serait détenue par 1 000 personnes (écouter à 30:15). Par ces faits, nous pouvons constater que le bitcoin est fondamentalement une monnaie inégalitaire, car les premiers entrants en ont acquis quasiment gratuitement contrairement aux nouveaux. Les plus imposants détenteurs de bitcoins sont d’ailleurs souvent millionnaires en euros ou en dollars. C’est, une fois de plus, au sein de la Silicon Valley que se posent les bénéficiaires de ce système : les frères Tyler et Cameron Winklevoss ont été les premiers milliardaires en bitcoin. Ils sont notamment connus pour avoir porté en justice Mark Zuckerberg, n° 1 de Facebook, en revendiquant avoir eu l’idée de la création du réseau social.
En décembre dernier, le bitcoin frôlait une valeur de 20000 $, avec une spectaculaire expansion, mais est redescendu à 6000 $ en février 2018. En un an, le cours du bitcoin a été multiplié par 20 pour ensuite être divisé par 3 en 2018. Depuis le début de l’année 2018, le bitcoin a en effet perdu 44 Mds $ en valeur. Si le bitcoin se voulait apolitique, diverses tendances idéologiques ont tout de même émergé en son sein selon une étude de l’École de Guerre Économique. En dissidence au bitcoin officiel (dit Bitcoin Core), d’autres versions ont émergé comme le Bitcoin Cash (BCH), le Bitcoin Gold (BTG), le Bitcoin XT, le Bitcoin Unlimited et le Bitcoin Classic. Un autre bitcoin augmentant la vitesse de transactions et restreignant l’utilisation de puce custom était également censé émerger, le Bitcoin with segwit2x (B2X), mais l’opposition de la société chinoise Bitmain, n° 1 dans la vente de puce custom bitcoin, a tué le projet pour garder son monopole.
Le deuxième plus important cryptoactif, en capitalisation et en réputation, est le ripple avec un cours multiplié par 300 en 2017. Il a pour avantage de s’échanger avec des euros et des dollars et d’accélérer les paiements interbancaires (4 secondes au lieu de 1 ou 2 jours), mais ceci au détriment de la décentralisation propre aubitcoin. En effet, point de blockchain ici : tous les jetons ripples sont « pré-minés » et détenus majoritairement par un nombre restreint d’acteurs, comme UBS, Crédit Agricole, HSBC, Bank of America et les créateurs mêmes du réseau. Cette cryptomonnaie peut donc carrément être considérée comme un réseau de paiement concurrent au système monopolistique de virements interbancaires SWIFT, ce qui n’est pas rien. L’ether, issue du protocole l’ethereum, est une autre cybermonnaie majeure qui propose des innovations utilisées par de grandes entreprises en attachant à la transaction un contrat financier dit intelligent (automatique sous certaines conditions remplies). En effet, un peu plus de 50 % des opérations sontréalisées avec del’ether, tandis que le bitcoin en rassemblerait environ 30 %. Les contrats intelligents ethereum sont de plus en plus utilisés par les entreprises et les cabinets d’assurances. En France, c’est la cryptomonnaie Ark qui occupe le haut dupodium et se situe dans le Top 50 mondial. Cotée à moins d’un centime à son lancement en mars 2017, elle atteint l’équivalent de 4 $ et une capitalisation dépassant les 400 M€ de nos jours. Bien que de nouveaux cryptoactifs émergent régulièrement, bictoin.coma montré dans une étude récente que 46 % des cryptomonnaiescréées en 2017 avaient déjà disparu. Le marché actuel des crypto est estimé à 253 Mds $, soit l’équivalent au PIB annuel du Pakistan.
Blockchain vs hashgraph
Considérée comme la plus grande innovation technologique depuis Internet, la technologie blockchain utilisée par le bitcoin facilite les transactions peer-to-peer (P2P) sans intermédiaire et de manière autonome. La blockchain est une base de données publique, un système de stockage et d’échange d’informations décentralisées continuellement mise à jour et sécurisée par la cryptographie. Sa particularité est l’absence d’intermédiaire et d’organe centralisé permettant son contrôle. Mais cette technologie serait déjà dépassée par le système hashgraph, une technologie de qualité supérieure qui élimine le besoin de calcul massif et la consommation d’énergie associée dont ont besoin les cryptoactifs comme le bitcoin ou l’ethereum.
Ce dernier système a des arguments convaincants :
- Il est 50 000 fois plus rapide et limité seulement par la bande passante, c’est-à-dire qu’au lieu d’une limite de 7 à 11 transactions par seconde en moyenne pour le bitcoin associé à la blockchain, plus de 250000 transactions par seconde peuvent être effectuées par le hashgraph. En effet, le protocole technologique du bitcoin risque de se faire rattraper par des systèmes plus performants, car ses algorithmes fixés dans le temps deviendront obsolètes au fur et à mesure de l’accroissement de la puissance des ordinateurs. La blockchain du bitcoin est d’ores et déjà considérée comme trop lente pour une utilisation massive.
- Il est mathématiquement prouvé (horodatage du consensus) que le hashgraph est plus équitable, car personne ne peut manipuler l’ordre des transactions, contrairement à la blockchain où un « mineur » peut choisir l’ordre des transactions dans un bloc donné ou peut retarder, voire bloquer, des commandes.
- Le système serait finalement plus sécurisé, car aucun membre ne peut empêcher la communauté d’atteindre un consensus algorithmique (une tolérance aux défaillances grâce à la fiabilité du système) et ne peut modifier ce dernier une fois qu’il est atteint. Dans la blockchain, le consensus est une simple probabilité qui augmente avec le temps.
Si la blockchain a été présentée à ses débuts comme une nouvelle technologie très prometteuse sur le plan de la sécurité, des évènements récents démontrent qu’elle n’est pas exempte de failles majeures (détournements d’argent, stockages de données illégales…), nous y reviendrons. Une montée progressive de systèmes ne faisant plus appel à la technologie blockchain est à prévoir ; IOTA (réseau Tangle), Nano (structure block lattice) ou hashgraph en sont aujourd’hui les précurseurs. Les réflexions concernant les cybermonnaies parlent généralement d’elles sans référence à leur base technique or, nous ne pouvons dissocier les crypto des systèmes informatiques dans lesquels elles sont encastrées.
Du point de vue de la théorie économique, les caractéristiques des cryptomonnaies reprennent en grande partie un concept néolibéral des années 1970 articulé autour de la fin du monopole de l’État sur la monnaie. Selon les néolibéraux comme Friedrich Hayek et l’école autrichienne, toute intervention de l’État dans l’économie est destructrice, car ses réglementations sont des entraves à la concurrence et donc à la liberté d’entrer sur un marché donné. Le monopole de l’émission monétaire par l’État entraînerait de l’inflation selon les postulats des néolibéraux, autrement dit une perte du pouvoir d’achat de la monnaie amenant une augmentation générale et durable des prix.
Le bitcoin, produit en quantité finie et s’appuyant sur un système décentralisé, tendrait donc à limiter l’inflation, voire à être déflationniste. Un marché concurrentiel de monnaies privées serait donc bénéfique à tous selon l’école autrichienne. Les cryptomonnaies «dénationalisées» entraîneraient une véritable concurrence des monnaies privées pour que l’autorégulation, à terme, ne sélectionne que les plus performantes par le jeu de la concurrence. Ces monnaies virtuelles dépendent donc uniquement de l’off e et de la demande, mais l’équilibre est faussé vu qu’une poignée d’individus ont acquis la majorité des bitcoins à bas coût (cf. supra). Le philosophe libéral français Gaspard Kœnig a notamment plusieurs fois défendu le bitcoin face à l’euro en mettant en avant son modèle antiétatique. Il est d’ailleurs aujourd’hui conseiller de la start-up blockchain Talao, qui a pour ambition de créer une plateforme décentralisée (donc sans intermédiaire) de mise en relation entre les entreprises et les travailleurs indépendants. Au sein de ce service, chaque acteur serait propriétaire de sa réputation professionnelle qu’il peut stocker ou monétiser ; un modèle dangereux où l’on pourrait vendre nos données numériques personnelles et ainsi en perdre définitivement la souveraineté.
Selon l’analyste subversive Valérie Bugault, la conception de la monnaie en tant que réserve de valeur s’opposerait à l’efficacité de l’utilité sociale de la monnaie, qui serait sa principale raison d’être. Lorsque la monnaie est considérée comme un bien et donc comme une marchandise en économie, sa valeur fluctue en fonction de l’offre et de la demande, ce qui génère une volatilité structurelle de son cours qui nuit à la sécurité nécessaire aux échanges. Selon elle, tant que la monnaie sera considérée comme un «bien» sur le «marché», elle restera sous le contrôle des principaux propriétaires de capitaux et échappera à sa fonction essentielle qui est d’être une institution rendant un service public. Les cryptomonnaies sont donc des monnaies-marchandises privées comme les autres, générant en plus une double insécurité économique : l’incertitude quant à la valeur des monnaies virtuelles en question et la quasi-absence de réalité concrète et physique adossée à ces monnaies.
Selon l’Autorité Bancaire Européenne (ABE), des cryptoactifs tels que le bitcoin sont des monnaies virtuelles et non des monnaies électroniques dont le paiement est garanti et libératoire. Effectivement, seuls les pouvoirs publics peuvent donner un pouvoir libératoire à une monnaie classique, c’est-à-dire une capacité de rembourser toute dette (fiscale, pénale, civile…) en tout lieu et à tout moment dans la zone où un moyen de paiement a cours légal. Par rapport à l’euro par exemple, les cybermonnaies ne disposent pas d’un cours légal ; c’est principalement le jeu de l’offre et la demande qui détermine leur prix, ainsi que les aléas géoéconomiques du moment…

Le bitcoin est-il biaisé de base ?
L’assise du bitcoin a amené certains à s’interroger sur l’origine floue de son émergence. À l’origine de sa création se trouverait Satoshi Nakamoto, un anonyme derrière lequel pourraient se cacher un ou plusieurs développeurs. L’entrepreneur australien Craig Wright, qui s’est présenté en 2016 comme étant Satoshi Nakamoto, est aujourd’hui accusé d’avoir escroqué l’américain Dave Kleiman, son ancien associé avec qui il aurait créé le bitcoin. Ce dernier, mort d’une infection aux staphylocoques en 2013, se serait fait subtiliser l’équivalent de 5 à 10 Mds $ de bitcoins. Kleiman et Wright avaient monté l’entreprise US W&K Info Defense Research LLC en 2011 et détenaient à cette époque quelque 1,1 M de bitcoins à eux deux. La famille de DaveKleiman a porté plainte contre Wright, l’accusant d’avoir antidaté certains documents validant le transfert de portefeuilles et propriétés intellectuelles de la blockchain de Kleiman vers sa propre holding. La famille présente également à la justice des documents qui montreraient qu’en réalité, Dave Kleiman était légalement le seul dirigeant de cette entreprise, et qu’en conséquence il aurait dû être reconnu comme le détenteur de l’ensemble des bitcoins dont il est question et dont la valeur atteint environ 10 Mds $. Ryan Taylor, Directeur général de Dash Coin a déclaré en décembre 2017 que «lespiècesdétenuespar le fondateur du bitcoin, Satoshi Nakamoto, n’avaient jamais bougé [en termes de capitalisation boursière], et qu’une partie de la valorisation du bitcoin était en réalité“imaginaire”».
Une autre thèse stipule que l’Agence de la sécurité nationale (NSA) serait carrément l’initiatrice du bitcoin. Le service de renseignement américain a ainsi rédigé en 1996 une publication intitulée «Howto make a mint: The cryptography of anonymous electronic cash» concernant la monnaie virtuelle. Ce rapport de la NSA détaille l’univers du bitcoin et permet de découvrir que ce service a travaillé sur les fonctions de hashage SHA-256, soit l’algorithme que Satoshi a utilisé pour sécuriser le bitcoin. D’autres vont jusqu’à émettre l’idée plus spéculative que le service de renseignement aurait introduit une faille dans le système de hashage pour faire de la monnaie virtuelle la seule et unique monnaie globale en vigueur dans le monde. Ceci dans le but de détruire les monnaies traditionnelles et déstabiliser l’économie des nations adverses. La NSA rechercherait donc, selon cette thèse, un monopole mondial du bitcoin afin que toutes les transactions effectuées puissent être tracées et contrôlées facilement par l’Agence.
Selon un rapport interne de la NSA datant du 29 mars 2013 et publié par le lanceur d’alerte Edward Snowden, le service de renseignement aurait initié un programme d’espionnage visant à suivre tous les utilisateurs de bitcoins dans le monde, en s’appuyant sur une «mystérieusesourced’information» pour «aider à pisterles expéditeurs et les receveurs de bitcoins». Alors que plusieurs monnaies digitales pouvaient être surveillées, c’est le bitcoin qui a été au centre des priorités dès 2013 avec le recueil d’informations diverses sur ses utilisateurs, toujours selon ce même document. Natalya Kasperskaya, cofondatrice de la société de cybersécurité russe Kaspersky Labs et présidente du groupe InfoWatch, a également soutenu que le bitcoin aurait été créé par les services de renseignement américains pour financer leurs opérations à travers le monde. À terme, cette monnaie remplacerait le monopole du dollar dans les transactions internationales et en tracerait toutes les utilisations. Une thèse qui irait dans le sens des partisans d’une gestion du monde par un gouvernement mondial plutôt que par le monopole d’une superpuissance.
Les réactions du Système : critiques et récupérations
Si des pays interdisent strictement l’utilisation de bitcoin, des gouvernements réfléchissent plutôt à créer et intégrer leur propre monnaie virtuelle dans leur système financier. En effet, plusieurs États interdisent purement et simplement l’échange de cryptomonnaies comme le Népal, le Bangladesh, le Kyrgyzstan, l’Équateur, la Bolivie, l’Algérie, ou encore l’Inde, qui compte interdire les échanges de bitcoin selon une annonce du gouvernement. La Corée du Sud, l’Inde, la Chine, la Russie et l’Angleterre ont plutôt penché vers un encadrement des cryptomonnaies, de même que la France.
Dans un rapport publié le lundi 5 mars 2018, la Banque de France privilégie le terme de cryptoactifs à celui de cryptomonnaies et annonce qu’ils « favorisent le financementdu terrorisme et d’activités criminelles » et facilitent le contournement « des règles relatives à la lutte contre le blanchiment des capitaux ». L’instance souligne aussi des risques liés à des piratages informatiques dus à l’anonymat des transactions (le milliardaire Bill Gates s’est également prononcé contre cet anonymat des cryptos) et au stockage en ligne des avoirs. La Banque de France plaide donc pour une régulation des monnaies virtuelles à l’échelle nationale, notamment en interdisant aux banques et assurances les dépôts et prêts en cryptoactifs, jusqu’aux échanges de bitcoin. Elle défend également une régulation globale par le biais de normes internationales.
Avec le soutien de l’Allemagne, le président de la République française Emmanuel Macron compte aller dans ce sens en mettant sur la table la question de la régulation du bitcoin lors du prochain G20. Au forum économique de Davos, il avait déjà plaidé pour la régulation des cryptomonnaies par le Fond Monétaire International (FMI), qui doit posséder selon lui « le mandat de surveiller la totalité du système financier international dont des pans entiers échappent à la régulation ». Effectivement, comme nous l’évoquions précédemment, le cryptoactif en question n’est régulé par aucune banque centrale ni autorité compétente, ce qui pose des problèmes de contrôle par le pouvoir politico-économique. L’un des membres du conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (BCE), l’Autrichien Ewald Nowotny, a aussi proposé de « casser le bitcoin » en appliquant la règle de base de toute transaction financière, c’est-à-dire mettre fin à l’anonymat et dévoiler son identité.
TRACFIN, l’organisme du ministère de l’Économie et des Finances en charge de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, juge de même que l’anonymat des utilisateurs du bitcoin est dangereux pour la sécurité publique et propose en conséquence de limiter l’usage des cryptomonnaies en général et d’augmenter la surveillance des usagers. Mais cette posture ne signifie pas une hostilité envers les crypto en général. En effet, le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a récemment plaidé pour un écosystème favorable aux ICO (Initial Coin Offering — levée de fonds par émission d’actifs numériques échangeables contre des cryptomonnaies). Le Conseil d’État s’est également prononcé jeudi 26 avril 2018 en faveur de l’annulation de l’instruction fiscale de 2014 qui range les plus-values réalisées en cryptoactif dans la catégorie des Bénéfices non commerciaux (BNC). La fiscalité s’allège donc fortement : d’une taxation allant jusqu’à 45 %, elle passe à 19 % pour une plus-value en bitcoins. Sans oublier les contributions sociales, avec un taux fixé à 34,5 % pour les revenus de 2017 et à 36,2 % pour ceux de 2018.
Les autorités américaines et canadiennes ont quant à elles sévi vis-à-vis des ICO fin mai 2018 : 70 demandes d’informations et enquêtes et 35 actions en justice ont été enclenchées. Les levées de fonds en monnaies virtuelles en territoire américain risquent de se compliquer car elles pourraient être définies comme titres financiers classiques avec les contraintes administratives qui en découlent. Selon la presse américaine, des centaines de cryptoactifs en circulation devraient disparaître à cause de simples régulations, telles que la transmission d’une documentation complète à la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme américain de la Bourse, qui devra valider le projet pour permettre les échanges de crypto sur des places de marché transparentes et encadrées (Nasdaq, NYSE, etc.). Une telle tendance freinerait très fortement la liquidité et donc la valeur de la majorité des cybermonnaies. Actuellement, seulement deux places de bourse traditionnelle (à Chicago) autorisent le trading de cybermonnaies avec des contrats à terme sur le bitcoin. L’actif a donc bénéficié d’une légitimité non négligeable avec cette entrée en décembre 2017 à la Bourse de Chicago, où il fait l’objet de contrats spéculatifs, ainsi qu’au Chicago Mercantile Exchange (CME). Le Nasdaq devrait suivre la tendance l’année prochaine.
Le bitcoin a peu de chances d’être concerné par cette nouvelle réglementation sur les ICO, à l’instar des cryptomonnaies totalement décentralisées (bitcoin cash, litecoin, monero, zcash, dash…). En revanche, la quasi-totalité du secteur (dont ethereum, ripple, cardano ou IOTA) devra se plier à la législation, soit toutes les crypto créées à la suite d’ICO. Inquiet de l’exceptionnelle volatilité du bitcoin, le gouvernement US a également initié une enquête criminelle sur de potentielles manipulations de son cours. Les autorités émettent des soupçons sur des traders qui pratiqueraient du spoofing, qui consiste à placer de faux ordres boursiers et à les retirer rapidement. Une pratique illégale depuis 2010 avec l’adoption de la loi de régulation financière Dodd-Frank destinée à éviter les conséquences de la crise de 2008. Les compagnies JPMorgan Chase & Co., Bank of America et Citigroup ont également annoncé des restrictions vis-à-vis du bitcoin. Côté Royaume-Uni, la banque Lloyds, première banque britannique,
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