Sommaire
Le rôle de l’or dans le système monétaire international
Selon nos estimations, les réserves officielles mondiales d’or atteindront 38 764 tonnes au deuxième trimestre 2023, battant ainsi le précédent record de 1965.
Ce nouveau record confirme que le monde est entré dans une nouvelle ère pour l’or.
Les banques centrales continueront d’accumuler de l’or et le rôle du métal dans le système monétaire international augmentera au détriment du dollar américain.

Les analystes utilisent largement le calcul du Fonds Monétaire International (FMI) pour le total des avoirs officiels en or, cependant on oublie souvent que ce chiffre n’est qu’une estimation.
Comme indiqué dans notre article précédent sur les réserves d’or officielles de la Chine, toutes les banques centrales ne sont pas transparentes quant à leurs avoirs en or.
Deux exemples :
- La banque centrale chinoise (PBoC) déclare détenir 2 113 tonnes d’or, alors que la PBoC possède en réalité bien plus que cela (environ 5 000 tonnes).
- La banque centrale de Syrie a cessé de déclarer ses avoirs en or en 2011.
Pour son calcul des avoirs mondiaux, le FMI reprend le dernier point de données connu, en supposant que la Syrie détient encore 26 tonnes.
L’évaluation se base sur les réserves officielles mondiales d’or et sur la façon dont le FMI compile ses séries. La principale différence étant les « achats non déclarés » tracés par les initiés du secteur, inclus dans leurs données.
Approche :
- La base est constituée des derniers volumes enregistrés par toutes les banques centrales et autorités monétaires, y compris celles qui ont cessé de communiquer depuis des années.
- Pour la Chine, j’utilise mes propres chiffres remontant à 1995.
- Les achats non déclarés par les banques centrales autres que la PBoC sont ajoutés, mesurés par la différence entre les achats totaux estimés par le World Gold Council sur la base de recherches sur le terrain et les changements déclarés par toutes les banques centrales combinées.
- Les réserves connues des fonds souverains sont incluses*.
- L’or détenu par des institutions financières internationales telles que la Banque centrale européenne et l’Union économique et monétaire ouest-africaine est également ajouté.
- Les swaps figurant au bilan de la banque centrale turque et de la Banque des règlements internationaux (BRI) sont soustraits.
*On ne sait pas comment le FMI calcule exactement ses séries mondiales, mais nous pouvons soupçonner qu’il n’inclut pas l’or détenu par les fonds souverains. Les chiffres incluent environ 100 tonnes pour ces fonds.
Selon la méthodologie de ZeroHedge, les avoirs officiels mondiaux en or atteindront 38 764 tonnes en juin 2023, soit environ 400 tonnes de plus que le précédent record de 1965 (38 347 tonnes).

Ce nouveau record reflète la volonté des banques centrales du monde entier de se détourner du dollar américain, dont les risques de contrepartie sont de plus en plus évidents.
Le tournant dans la détention d’or par les banques centrales s’est produit juste après la grande crise financière de 2008. Depuis lors, elles ont acheté plus de 7 000 tonnes d’or.
La valeur des réserves d’or mondiales a augmenté de 66 % à partir de ce moment, tandis que les réserves de change ont augmenté de 30 %. Par conséquent, la part de l’or dans les réserves internationales mondiales (or et devises) augmente par rapport au niveau historiquement bas, atteint en 2015.

Le prix de l’or pourrait encore grimper si la part de l’or dans les réserves totales (actuellement 17 %) se rapprochait de sa moyenne à long terme (58 %).
Dans un article précédent, ZeroHedge a émis l’hypothèse que l’or pourrait atteindre 8 000 dollars dans les dix prochaines années.
Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, d’un dollar militarisé et de niveaux d’endettement élevés dans le monde entier (historiquement atténués par l’inflation), les banques centrales continueront sans aucun doute d’acheter de l’or.
Le nouveau record des réserves d’or est surtout une étape symbolique. Les tendances décrites n’ont pas été modifiées, mais confirmées par ce nouveau record.
Les banques centrales étrangères détiennent principalement des obligations d’État américaines (Treasuries) en tant qu’actifs en dollars. Alors que leurs réserves d’or augmentent, leurs avoirs nominaux en bons du Trésor sont restés à peu près inchangés au cours de la dernière décennie.
Ainsi, face à l’augmentation massive de la dette publique américaine chaque année, la part des banques centrales étrangères détenant cette dette ne cesse de diminuer.
Cette dynamique pourrait conduire à une crise de financement aux États-Unis, ce qui éroderait encore l’attrait du dollar en tant que monnaie de réserve.

L’or physique comme bouclier anti-inflation :

Source : ZeroHedge
Découvrez aussi ces sujets
LES ALGORITHMES VONT-ILS S’IMPOSER FACE À LA LIBERTÉ DES INDIVIDUS ? AVEC PIERRE JOVANOVIC
GRANDE NARRATION : LA FAILLITE DE LA FINANCE ET DES CRYPTOMONNAIES | MARC-GABRIEL DRAGHI
UNE GRANDE GUERRE OU UNE GRANDE RÉNITIALISATION POUR SORTIR DE LA CRISE ? AVEC OLIVIER DELAMARCHE
LE FRANC LIBRE : MONNAIE DE RÉSILIENCE ET DE RÉSISTANCE ? AVEC ALEXANDRE JUVING-BRUNET
ÉCONOMIE : COUP DE FROID SUR LA FRANCE CET HIVER AVEC CHARLES SANNAT !
REVUE GÉOPOLITIQUE PROFONDE DE FÉVRIER 2024 : ÉTAT TOTAL, AGENDA 2030, SUBVERSION, INITIATION DEFI