Sommaire
Introduction au Forum Économique Eurasien
Le Forum Économique Eurasiatique de Vérone a été un rassemblement remarquable à Samarkand, où environ mille personnalités politiques, experts et représentants d’entreprises de 27 pays ont convergé.
Cet événement d’envergure internationale a constitué un véritable carrefour de réflexion, réunissant des esprits brillants venant des quatre coins du globe.
Sous le slogan « L’économie de la confiance et de la diplomatie d’affaires de l’Atlantique au Pacifique« , ce forum a exploré le développement de nouvelles technologies, méthodes de gestion et modèles d’investissement pour moderniser l’industrie et l’agriculture, tout en optimisant les infrastructures énergétiques et logistiques.
Ces discussions ont révélé un désir profond de coopération et d’innovation dans le monde des affaires, avec un accent particulier sur l’Eurasie en tant que plaque tournante économique.

Organisé de manière impeccable par l’association Conoscere Eurasia, en partenariat avec le ministère de l’Investissement, de l’Industrie et du Commerce de l’Ouzbékistan, et la Fondation Roscongress, l’événement a su attirer l’attention du plus haut niveau.
Il a été rehaussé par la lecture d’un message du président russe Vladimir Poutine, saluant la haute estime internationale du forum et son rôle essentiel dans l’approfondissement des discussions économiques eurasiennes.
Cette rencontre a été bien plus qu’un simple forum économique ; elle a été le théâtre d’échanges intellectuels fructueux, visant à façonner l’avenir de l’Eurasie sur le plan économique et commercial.
Elle a également montré comment des initiatives audacieuses peuvent être entreprises pour promouvoir la confiance et la coopération entre les nations, de l’Atlantique au Pacifique, dans un monde en perpétuelle évolution.
Allocution du Président de l’Ouzbékistan
Le Président de l’Ouzbékistan, Shavkat Mirziyoyev, a prononcé un discours ambitieux lors du Forum, soulignant son espoir que l’événement propose de nouveaux mécanismes pour le commerce et le développement économique.

Il a mis en avant la nécessité d’une coopération renforcée, particulièrement dans les secteurs industriels, agricoles et logistiques, insistant sur la mise en place de partenariats technologiques et financiers innovants, essentiels pour l’avancement de la sécurité alimentaire, énergétique et technologique dans la région.
Sanctions contre la Russie et leurs effets
L’impact des sanctions occidentales contre la Russie a été aussi un des thèmes majeurs. Les intervenants ont suggéré que, loin d’affaiblir la Russie, les sanctions ont stimulé une transformation économique.
Alexey Overchuk, le vice-Premier ministre russe, a souligné cette dynamique, notant que la Russie et les États de l’Union économique eurasienne (UEEA) assurent désormais leur sécurité alimentaire, énergétique et technologique indépendamment, avec 90 % de leurs échanges commerciaux effectués dans leurs monnaies nationales, réduisant ainsi la prédominance du dollar américain.

Cette adaptation stratégique illustre une forme de résilience économique et une reconfiguration des relations commerciales de la Russie, se tournant vers des marchés moins traditionnels et plus orientaux.
Conséquences pour l’Europe
L’Europe, confrontée à une crise énergétique sans précédent, voit ses fondements industriels ébranlés. L’interruption des importations d’énergie russe, une décision aux répercussions profondes, a déclenché une série d’incertitudes pour les fabricants du vieux continent.
La volatilité des prix du gaz et l’instabilité politique contribuent à un sentiment d’incertitude chez les acteurs économiques, alimentant les craintes d’une ère de dé-industrialisation en Europe.
Dans une lutte pour la survie, les entreprises européennes scrutent l’horizon pour des cieux plus cléments. Le cas d’ArcelorMittal est emblématique, réduisant sa production en Allemagne au profit d’opérations aux États-Unis, où les coûts énergétiques plus bas et des incitations gouvernementales séduisent. OCI et Volkswagen sont parmi ceux qui suivent cette tendance, cherchant à minimiser les risques dans un environnement industriel imprévisible.
C’est une course vers la flexibilité, où la résilience des chaînes d’approvisionnement devient impérative pour maintenir la compétitivité. Les investissements industriels sont redirigés vers des régions où les prix de l’énergie sont plus bas, et où les infrastructures permettent une accessibilité rapide et économique aux ressources nécessaires.
Ainsi, l’Amérique devient un nouveau foyer pour ces entreprises, en quête d’une stabilité et d’un accès direct à un vaste marché de consommateurs. Cette vague de relocalisation vers l’Ouest, accélérée par la crise énergétique, pourrait redéfinir le paysage industriel européen, et avec lui, l’équilibre économique mondial.
Position Russe sur la multipolarité et l’ironie des sanctions
La Russie, à travers les propos d’Alexander Grushko, vice-ministre des Affaires étrangères, a fermement défendu la transition vers un monde multipolaire lors du Forum économique eurasien à Samarkand.
Grushko a critiqué l’Occident pour son refus d’accepter cette nouvelle réalité, essayant de contenir ce changement avec des mesures restrictives unilatérales. Il a évoqué l’ironie des sanctions récentes, ridiculisant la logique derrière des interdictions sur des produits triviaux, insinuant qu’elles sont déconnectées de la réalité et inefficaces par rapport à leur objectif déclaré de déstabilisation.
La réalité fait mal, selon Alexander Grusko, l’UE aurait perdu 1.500 milliards de dollars à cause des sanctions contre la Russie…

Dmitry Peskov, le secrétaire de presse présidentiel russe, a commenté la position du Kremlin, affirmant que l’Union Européenne ne peut déterminer de nouvelles sanctions efficaces contre la Russie. Peskov a souligné la conviction du Kremlin en la pérennité et l’inévitabilité de la politique de sanctions de l’Occident, tout en exprimant la résilience et l’adaptabilité de la Russie face à ces défis.
Ces commentaires reflètent une stratégie russe de défi face aux sanctions, suggérant une nouvelle ère de productivité « souveraine » et d’autosuffisance économique en réaction aux pressions occidentales.
Autosuffisance Russe et perspectives européennes
Dans la foulée des sanctions occidentales, la Russie a redirigé son économie vers l’autosuffisance et la productivité souveraine, un pivot stratégique qui semble avoir stimulé sa croissance industrielle.
Les discussions au Forum économique eurasien de Vérone ont souligné que cette isolation forcée par l’Ouest a plutôt incité la Russie à consolider ses chaînes d’approvisionnement vers l’Est, où elle trouve des marchés plus vastes et en croissance rapide.
Cette évolution marque un tournant significatif, la Russie passant d’une dépendance excessive vis-à-vis de l’Europe à une autonomie renforcée, se forgeant ainsi une immunité contre les pressions occidentales.
Du côté européen, Romano Prodi, ancien Président de la Commission européenne, a exprimé sa préoccupation quant à la perte du rôle historique de l’Europe en tant que médiateur et modérateur dans les affaires mondiales.
Il a souligné la nécessité pour l’Europe de reconnaître et de s’adapter aux changements géopolitiques, afin de maintenir son influence et son rôle sur la scène internationale. L’appel de Prodi à un sursaut européen souligne l’importance d’une introspection et d’une réorientation stratégique pour faire face aux défis actuels et futurs.
Importance de l’Eurasie et du dialogue international
Antonio Fallico, président de Conoscere Eurasia, a réaffirmé au Forum de Samarkand l’importance de placer l’humain au cœur des interactions internationales, soulignant le potentiel considérable de la Grande Eurasie qui s’étend de l’Atlantique au Pacifique.
L’objectif du forum est de canaliser ce potentiel vers un développement économique et culturel créatif et pacifique, tout en surmontant la logique hégémonique et en construisant des ponts pour un dialogue constructif entre les acteurs géopolitiques.

Alexander Shneiderman, directeur chez Alfa-Forex, a commenté sur les investissements directs étrangers en Eurasie, soulignant que, malgré les sanctions et les tensions géopolitiques actuelles, le dialogue sur la coopération économique continue, en particulier avec les pays de la CEI.
Note : La Communauté des États indépendants (CEI) a été créée en décembre 1991 par onze pays de l’ex-URSS : Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan, Moldavie, Ouzbékistan, Russie, Tadjikistan, Turkménistan, Ukraine.
La résilience de ces échanges commerciaux et la poursuite des investissements indiquent une volonté de maintenir des relations économiques stables, même dans un climat international incertain.
Ces discussions révèlent une Eurasie qui, malgré les défis, cherche à tisser des liens économiques solides et à long terme, montrant l’interdépendance croissante des nations dans une économie mondialisée.
Conclusion
Le XVIe Forum Économique Eurasiatique de Vérone à Samarkand s’est clôturé sur une note de succès retentissant, illustrant l’indomptable esprit de coopération qui transcende les clivages géopolitiques actuels.
Malgré l’ombre portée par les sanctions et les tumultes politiques, ce sommet a prouvé que le dialogue et l’entente sont non seulement possibles, mais également fructueux dans le contexte eurasien. Cependant, ce succès jette une lumière crue sur l’approche actuelle de l’Union européenne en matière de politique étrangère.
En ces temps de changements rapides et d’incertitudes, l’Europe se doit de redéfinir son rôle, non pas comme un agent d’isolement, mais comme un véritable modérateur qui favorise l’entente et la médiation.
L’UE doit embrasser pleinement sa capacité à forger des consensus et à faciliter des dialogues constructifs, pour devenir un pivot de stabilité dans une ère multipolaire dynamique.
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