Stratégies de gestion de fortune

Qu’est-ce que la gestion de fortune ?

La gestion de fortune se distingue de la gestion de patrimoine par son approche plus globale et personnalisée, qui tient compte des objectifs de vie des clients, de leur tolérance au risque et de leurs contraintes fiscales.

Elle englobe non seulement la gestion des actifs financiers, mais aussi la planification successorale, l’optimisation fiscale et la gestion des risques.

Les solutions proposées sont toujours sur mesure, en tenant compte des objectifs spécifiques et des préférences personnelles du client.

Les segments de clientèle en gestion de fortune

Les services de gestion de fortune ne s’adressent pas à tous les types de clients. Ils sont généralement réservés aux individus ou familles ayant des avoirs financiers conséquents. Voici les principaux segments :

• Mass affluent (Grandes fortunes)
  Cette catégorie inclut les clients avec des actifs financiers compris entre 100 000 € et 1 million d’euros. Ces clients recherchent des conseils en placement et des produits d’investissement plus sophistiqués que ceux proposés par les services bancaires traditionnels.

• High Net Worth (HNW-Fortune nette élevée )
  Ce segment regroupe les clients disposant d’un patrimoine financier supérieur à 1 million d’euros. Leurs besoins incluent des services de gestion de patrimoine complets, comme l’optimisation fiscale et la planification successorale.

• Very High Net Worth (VHNW-Fortune nette très élevée)
  Ce groupe inclut les individus avec des actifs dépassant plusieurs dizaines de millions d’euros. Ces clients nécessitent des solutions de gestion de patrimoine extrêmement personnalisées et complexes, souvent accompagnées de conseils en structuration juridique, en investissement alternatif et en gestion des risques spécifiques.

Les principales stratégies en gestion de fortune

La gestion de fortune repose sur plusieurs stratégies clés pour optimiser la croissance et la protection du patrimoine. Explorons ces stratégies en détail.

1. Diversification et allocation d’actifs

La diversification est une stratégie essentielle pour réduire les risques et optimiser les rendements à long terme. Elle consiste à répartir les investissements sur plusieurs classes d’actifs, comme les actions, les obligations, l’immobilier, et les placements alternatifs (art, matières premières, etc.).

Une allocation d’actifs bien pensée prend en compte l’horizon d’investissement, la tolérance au risque et les objectifs financiers du client.

Exemple de diversification réussie

Un client possédant un portefeuille de 10 millions d’euros pourrait choisir de diversifier ainsi : 40 % en actions internationales, 30 % en obligations, 20 % en immobilier, et 10 % en investissements alternatifs.

Cette approche permet de réduire l’exposition aux fluctuations d’un seul marché, augmentant ainsi les chances de maintenir des rendements positifs sur le long terme.

Étude de cas : diversification dans un contexte économique instable

Imaginons un contexte économique marqué par une volatilité accrue sur les marchés financiers, comme lors de la crise de 2008.

Un gestionnaire de fortune averti aurait recommandé à ses clients de diversifier davantage leurs actifs, par exemple en intégrant une plus grande proportion de métaux précieux comme l’or, ou en explorant les obligations d’État à faible risque.

Cette approche aurait permis non seulement de protéger le capital, mais aussi de réaliser des gains lorsque les marchés actions se sont effondrés.

2. Optimisation fiscale

L’optimisation fiscale est un élément central de la gestion de fortune. Elle consiste à utiliser toutes les dispositions légales disponibles pour minimiser la charge fiscale sur le revenu, les plus-values et les successions.

Les stratégies d’optimisation incluent l’utilisation de produits spécifiques tels que l’assurance-vie, les donations avec réserve d’usufruit, ou encore la création de sociétés civiles immobilières (SCI).

L’optimisation fiscale nécessite une connaissance approfondie des lois fiscales locales et internationales, ainsi que la capacité à anticiper les changements réglementaires.

Cas particulier : utilisation de l’assurance-vie

L’assurance-vie est particulièrement populaire en France pour ses avantages fiscaux.

Par exemple, les gains générés par les contrats d’assurance-vie bénéficient d’une fiscalité allégée après huit ans, et les capitaux transmis aux bénéficiaires sont partiellement exonérés de droits de succession.

Pour un patrimoine de 5 millions d’euros, l’utilisation stratégique de l’assurance-vie peut considérablement réduire les impôts sur la transmission.

Les contrats d’assurance-vie permettent également une grande flexibilité dans la gestion des actifs sous-jacents, offrant la possibilité de modifier l’allocation d’actifs en fonction des conditions du marché.

Optimisation fiscale internationale : éviter la double imposition

Pour les clients possédant des actifs à l’international, l’optimisation fiscale devient encore plus complexe.

Il est crucial de naviguer entre les différentes juridictions fiscales pour éviter la double imposition. Par exemple, un résident français possédant des biens immobiliers aux États-Unis pourrait être soumis à la fois à l’impôt sur le revenu américain et français.

Pour éviter cela, des conventions fiscales entre les deux pays permettent d’atténuer cette charge, mais encore faut-il bien comprendre et appliquer ces règles.

Un gestionnaire de fortune expérimenté veillera à maximiser les avantages fiscaux dans chaque juridiction.

3. Planification successorale

La planification successorale vise à organiser la transmission du patrimoine pour minimiser les coûts fiscaux et éviter les litiges entre héritiers.

Elle inclut des stratégies telles que les donations, la rédaction de testaments, les pactes successoraux et l’utilisation de trusts ou fondations.

L’objectif est de s’assurer que les actifs sont transférés efficacement et conformément aux souhaits du client.

La planification successorale permet également de protéger les intérêts des membres vulnérables de la famille, comme les enfants mineurs ou les personnes handicapées.

Stratégie de donation avec réserve d’usufruit

Une méthode fréquemment utilisée est la donation avec réserve d’usufruit. Cela permet au donateur de donner la nue-propriété d’un bien tout en continuant à en percevoir les revenus.

Par exemple, un parent peut donner la nue-propriété de sa résidence principale à ses enfants, tout en conservant le droit d’y habiter ou de percevoir les loyers.

Cette stratégie réduit les droits de donation tout en maintenant le contrôle du bien. De plus, elle permet de transmettre une partie du patrimoine de manière anticipée, tout en réduisant la base imposable au moment du décès.

4. Gestion des risques

La gestion des risques est cruciale en gestion de fortune. Elle consiste à identifier, évaluer et mitiger les risques financiers auxquels le patrimoine est exposé.

Cela inclut les risques de marché, de crédit, de liquidité, ainsi que les risques spécifiques comme les fluctuations des taux de change ou les régulations fiscales.

La gestion des risques permet de préserver la valeur du patrimoine en période de volatilité et d’incertitude économique.

Outils de gestion des risques

Les gestionnaires de fortune utilisent divers outils pour gérer ces risques, tels que les produits dérivés (options, futures), les assurances spécifiques (comme les assurances pour les œuvres d’art) et les stratégies de couverture de devises.

Par exemple, un investisseur possédant un portefeuille d’actions américaines pourrait utiliser des options de vente pour se protéger contre une baisse des marchés, ou des contrats à terme sur devises pour se prémunir contre les fluctuations du dollar.

La diversification géographique est également une stratégie efficace pour réduire les risques liés à un pays ou une région spécifique.

Gestion des risques dans un portefeuille global

Un investisseur avec un portefeuille diversifié dans plusieurs devises (euro, dollar, yen) peut être exposé à des fluctuations monétaires importantes.

Pour protéger ce portefeuille, le gestionnaire de fortune peut recourir à des contrats à terme sur devises (hedging) pour fixer un taux de change favorable à l’avance, réduisant ainsi l’impact des variations de devises sur le portefeuille global.

De plus, l’intégration de produits dérivés, tels que les options d’achat et de vente, peut aider à sécuriser des positions et à optimiser les rendements même en période de forte volatilité.

Erreurs courantes à éviter en gestion de fortune

Même pour les individus et familles avec un patrimoine moyen, il est crucial d’éviter certaines erreurs qui peuvent affecter négativement la gestion de leur fortune.

1. Manque de diversification

Ne pas diversifier suffisamment ses investissements expose le patrimoine à des risques accrus. Une forte concentration dans un seul actif ou secteur peut entraîner des pertes importantes si ce marché se détériore.

Par exemple, un investisseur ayant tout misé sur l’immobilier pourrait subir de lourdes pertes en cas de baisse des prix du marché immobilier.

2. Sous-estimation de l’impact fiscal international

Pour les clients possédant des actifs à l’international ou résidant à l’étranger, il est essentiel de comprendre les implications fiscales de chaque juridiction. Ignorer ces aspects peut entraîner des coûts fiscaux imprévus et réduire la valeur nette du patrimoine.

Par exemple, les résidents fiscaux français qui investissent dans l’immobilier à l’étranger doivent s’assurer de respecter les obligations fiscales dans les deux pays pour éviter la double imposition.

3. Négliger la planification successorale

Sans une planification successorale adéquate, les actifs peuvent être soumis à des droits de succession élevés ou à des litiges entre héritiers.

L’absence de dispositions claires peut également conduire à des conflits familiaux ou à la division indésirable des actifs.

Une planification anticipée, même pour les patrimoines moyens, peut assurer une transition harmonieuse et protéger les intérêts des bénéficiaires.

4. Négligence dans la gestion des risques

Ignorer la gestion des risques financiers, juridiques ou opérationnels peut exposer le patrimoine à des pertes inattendues.

Les investisseurs moyens devraient mettre en place des mécanismes de protection adaptés, tels que des assurances spécifiques ou des stratégies de couverture pour les risques financiers.

Par exemple, l’utilisation d’une assurance responsabilité civile peut protéger contre les poursuites inattendues qui pourraient affecter le patrimoine familial.

5. Manque de réévaluation régulière de la stratégie

Les marchés financiers et les environnements économiques évoluent constamment.

Ne pas ajuster régulièrement les stratégies d’investissement en fonction des nouvelles conditions peut entraîner des rendements sous-optimaux ou une exposition accrue aux risques.

Une révision périodique des objectifs et de la performance du portefeuille est essentielle pour rester aligné avec les priorités du client, même si le patrimoine est modeste.

Stratégies adaptées à un patrimoine moyen

Pour les individus disposant d’un patrimoine moyen, les principes de base de la gestion de fortune restent applicables, mais ils doivent être adaptés à une échelle plus petite et souvent plus prudente. Voici quelques stratégies adaptées.

1. Utilisation des produits d’épargne fiscalement avantageux

L’utilisation de produits tels que le Plan d’Épargne en Actions (PEA) ou l’assurance-vie reste pertinente.

Ces produits offrent des avantages fiscaux qui permettent de maximiser les rendements nets d’impôts, ce qui est crucial pour les épargnants qui cherchent à faire croître leur patrimoine sans prendre des risques excessifs.

Cas pratique : le PEA

Le PEA permet d’investir en actions européennes avec une fiscalité avantageuse après cinq ans de détention. Pour une personne souhaitant investir de manière régulière, le PEA offre une possibilité de diversification et de capitalisation des dividendes avec une imposition réduite sur les gains.

Par exemple, un investissement initial de 20 000 € avec des versements mensuels de 200 € peut bénéficier d’une exonération d’impôt sur les gains après la période de cinq ans, tout en étant soumis seulement aux prélèvements sociaux.

2. Automatisation de l’épargne et des investissements

Pour un public avec un patrimoine moyen, l’automatisation de l’épargne et des investissements est une stratégie efficace.

Elle permet de s’assurer que les investissements se font régulièrement sans avoir à y penser, réduisant ainsi le risque d’oublier de contribuer à ses objectifs financiers.

Les plans d’investissement programmés, proposés par de nombreuses banques et plateformes en ligne, sont idéaux pour cette approche.

Exemples d’automatisation

Un investisseur moyen peut mettre en place un prélèvement automatique de 150 € par mois vers un fonds diversifié ou un ETF (Exchange-Traded Fund) qui suit un indice boursier.

Cette méthode permet de lisser les risques d’entrée sur le marché grâce à l’investissement régulier (effet de lissage des prix), tout en assurant une discipline d’épargne à long terme.

3. Optimisation des dépenses et gestion de la dette

Pour les individus disposant d’un patrimoine moyen, une gestion prudente des dettes est essentielle.

Réduire les dettes à intérêt élevé, comme les crédits à la consommation, et optimiser les dépenses courantes peut libérer des ressources pour l’investissement.

L’objectif est de transformer les économies réalisées en investissements productifs qui contribueront à la croissance du patrimoine.

Stratégie pour la gestion de la dette

Une méthode courante est le « snowball method » (méthode boule de neige), où l’on rembourse d’abord les plus petites dettes pour gagner en motivation, puis les plus importantes avec les économies réalisées.

Par exemple, un ménage peut décider de rembourser en priorité ses cartes de crédit à taux élevé, puis utiliser les fonds libérés pour investir dans des produits d’épargne à long terme.

4. Importance de la protection par les assurances

L’assurance joue un rôle critique dans la protection du patrimoine.

Les assurances vie, invalidité et responsabilité civile offrent une couverture contre les risques qui pourraient autrement épuiser rapidement les économies.

Pour les patrimoines moyens, souscrire à une assurance décès-invalidité permet de garantir que les obligations financières (comme un prêt immobilier) sont couvertes en cas de coup dur.

Exemples d’assurance

Pour un propriétaire de petite entreprise ou un salarié, souscrire à une assurance prévoyance permet de protéger sa famille en cas de perte de revenu.

De même, une assurance habitation bien choisie protège non seulement le bien immobilier mais aussi son contenu, réduisant ainsi les pertes en cas d’incident.

Conclusion

La gestion de fortune n’est pas réservée aux très fortunés. Avec des stratégies adaptées, même les ménages disposant d’un patrimoine moyen peuvent optimiser leur situation financière.

En appliquant des principes de diversification, d’optimisation fiscale, de gestion des risques et de planification successorale, il est possible de sécuriser et faire croître son patrimoine sur le long terme.

En particulier, l’automatisation de l’épargne, l’utilisation de produits fiscaux avantageux et une bonne gestion de la dette sont des leviers puissants pour les investisseurs de toute taille.

Pour ceux qui cherchent à aller plus loin, il peut être judicieux de consulter un conseiller en gestion de patrimoine, même pour des conseils ponctuels.

L’objectif est toujours de maximiser le potentiel de votre patrimoine tout en réduisant les risques, pour atteindre vos objectifs financiers et de vie.

Franck Pengam

Votre stratégie anti CBDC gratuite pour ne plus être soumis à l’oligarchie :

Sources :

• ACPR Banque de France :
  • Lignes directrices relatives à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme dans la gestion de fortune.
  • Bilan sur la gestion de fortune
  • Mesures de vigilance pour la gestion de fortune
• Les Echos Études : Étude sur la Gestion de Patrimoine et de Fortune.