LA MENACE D’ATTENTATS EN FRANCE SUITE À LA RESURGENCE DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN DOIT-ELLE ÊTRE PRISE AU SÉRIEUX ?

Gérald Darmanin déploie un important dispositif de sécurité autour des lieux de confession juive

Lors d’un déplacement mercredi 11 octobre dans une école juive à Sarcelles, dans le Val-d’Oise, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que « 500 lieux où les Français de confession juive ont l’habitude d’aller » (écoles, synagogues, etc.) sont désormais protégés par 10 000 policiers et gendarmes.

De surcroît, le ministre de l’Intérieur a ajouté que lorsque des individus qui se livrent à des actes antisémites n’ont pas la nationalité française et mettent en danger le territoire, il demande aux préfets de leur retirer leurs titres de séjour et de les placer en centre de rétention administrative pour une expulsion immédiate.

En outre, au micro de France Inter, Gérald Darmanin a dénombré plus d’une centaine d’actes antisémites (tags, individus interpellés avec une arme blanche à l’entrée d’une école ou d’une synagogue, repérage d’un drone qui survolait la cour d’un lieu cultuel juif). Le bilan du ministre de l’Intérieur ce jeudi 12 octobre à 7h50 fait état de 24 personnes interpellées et présentées devant la justice.

Tous ces actes ne présagent pas d’un apaisement en France. Toutefois, le locataire de la place Beauvau assure qu’ « il n’y a pas de menace terroriste qui toucherait particulièrement nos compatriotes de confession juive en France » et selon les services de renseignement, il n’y a pas pour l’heure d’exportation du conflit israélo-palestinien en France. Toutefois, Gérald Darmanin met en garde contre les relais politiques du Hamas en France, en mettant notamment en cause le collectif « Palestine vaincra » et Jean-Luc Mélenchon.

Un discours très menaçant de la part du co-fondateur du Hamas

Néanmoins, Khaled Mashal, ancien leader et co-fondateur du Hamas, a prononcé mercredi 11 octobre à Doha un discours donnant aux musulmans du monde entier un certain nombre de consignes, les engageant à manifester leur colère, principalement vendredi 13 octobre, dans les pays musulmans et également au sein de la diaspora musulmane du monde entier ; Khaled Mashal a évoqué le  « vendredi du déluge d’Al-Aqsa », précisant que cela « enverrait un message de rage aux sionistes et à l’Amérique ».

L’ancien leader du Hamas a également demandé une aide financière à tous les musulmans du monde entier, évoquant le « Jihad financier ». Il a également demandé aux musulmans de donner de l’argent aux « combattants » de Gaza afin de les dédommager des destructions.

Le co-fondateur du Hamas a complété ses propos en demandant que des pressions politiques soient exercées par les dirigeants musulmans et les nations musulmanes pour arrêter l’invasion militaire de Gaza par Israël. Enfin, consigne peut-être la plus importante, Khaled Mashal a demandé à tous les musulmans du monde de « porter le Jihad par leur âme », de combattre et d’être des martyrs pour Al-Aqsa.

Il souhaite que les musulmans luttent contre les juifs, à commencer par les musulmans qui vivent dans les pays entourant Israël : Jordanie, Syrie, Liban et Egypte (mais aussi d’autres pays), qu’ils se rendent aux frontières et tentent d’entrer, chacun par ses propres moyens, déclarant :

« C’est le moment pour que le Jihad soit appliqué sur le terrain plutôt qu’en théorie », exhortant ainsi les moudjahidine à « aller dans de longues caravanes verser leur sang pur sur la terre de Palestine ».

Voici ses derniers mots :

« Les fonds sont importants mais aujourd’hui nous demandons votre sang et vos âmes » [à sacrifier pour la Palestine].

Cette déclaration constitue un discours d’une grande violence, susceptible pour le moins de raviver des velléités terroristes et de pousser des islamistes radicaux à commettre l’irréparable. Cependant, ce discours n’a pas l’air d’effrayer particulièrement les responsables occidentaux. Le président français ne l’a pas du tout évoqué lors de son allocution du jeudi 12 octobre à 20h.

Le dernier attentat antisémite en France

Pour rappel, le dernier attentat en France contre une école juive date de 2012. Le lundi 19 mars 2012 exactement, le djihadiste Mohammed Merah arrête son scooter devant Ozar Hatorah, le collège-lycée juif du quartier de la Roseraie à Toulouse. Il blesse un adolescent et exécute sans hésiter Jonathan Sandler, un enseignant accompagné de ses deux petits garçons, Arié (six ans), et Gabriel (trois ans et demi), ainsi qu’une fillette de huit ans et demi, Myriam Monsonégo.

On peut s’interroger sur le lien potentiel entre les déclarations précitées et le drame survenu ce jour vendredi 13 octobre à Arras.

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Jean-Charles Moubacher, rédacteur pour Géopolitique Profonde.