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Étienne Chouard : l’anarchiste qui veut écrire la constitution
Étienne Chouard est un professeur en droit et en économie, ayant acquis une notoriété publique en 2005, lorsqu’il a dénoncé le traité constitutionnel européen.
Il se définit comme anarchiste et milite pour une réforme radicale du système politique, basée sur le tirage au sort des constituants et le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC).
Lors de notre entretien, il est venu nous présenter le RIC, ainsi que sa vision de la démocratie, de la Constituante, de l’élection, du pouvoir et de la société.

L’anarchisme : une pensée généreuse, intelligente et pacifique
Pour Étienne Chouard, l’anarchisme n’est pas le chaos, la violence ou le désordre, comme le font croire les médias dominants, mais au contraire une pensée généreuse, intelligente et pacifique, qui cherche à libérer les humains de toutes les formes de pouvoir et de domination.
L’anarchisme est constamment calomnié par les bourgeois qui le craignent, car il remet en cause leurs privilèges et leur autorité.
L’anarchisme s’inspire de nombreux penseurs, comme Proudhon, Bakounine, Kropotkine, Malatesta, Landauer, Bookchin, etc.
Il se nourrit aussi des expériences historiques, comme la Commune de Paris, la Révolution espagnole, le Chiapas, le Rojava, etc.
Il se manifeste aussi dans des mouvements actuels, comme les pirates, les hackers, les zadistes, les gilets jaunes, etc…
La démocratie : un régime où le peuple exerce le pouvoir
Pour Étienne Chouard, la démocratie n’est pas forcément le meilleur régime, mais c’est le plus juste, mais elle est incompatible avec l’élection, qui est une forme d’abandon du pouvoir.
C’est en principe un régime où le peuple exerce le pouvoir, sans le déléguer à des représentants.
Selon lui, ’élection nous fait élire ceux qui nous mentent le mieux, qui sont aidés par les plus riches, et qui deviennent nos maîtres.
La démocratie suppose que le peuple écrive lui-même la Constitution, c’est-à-dire les règles de la politique.
La Constitution ne doit pas être écrite par les professionnels de la politique, qui ont un conflit d’intérêts, mais par des citoyens tirés au sort parmi des volontaires, qui représentent la diversité de la société.

La Constituante : le processus par lequel on écrit les règles de la politique
Pour Étienne Chouard, la Constituante est le processus par lequel on écrit les règles de la politique. C’est le moment le plus important de la vie politique, car il détermine la qualité du régime.
La Constituante doit être indépendante, souveraine, représentative et contrôlée.
- La Constituante doit être indépendante, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas être influencée par les pouvoirs en place.
- Elle doit être souveraine, c’est-à-dire qu’elle doit avoir le dernier mot sur le contenu de la Constitution.
- Elle doit être représentative, c’est-à-dire qu’elle doit refléter la diversité de la société.
- Elle doit être contrôlée, c’est-à-dire qu’elle doit rendre des comptes au peuple.
L’élection : une soumission et une professionnalisation du pouvoir
Pour Étienne Chouard, l’élection est une soumission et une professionnalisation du pouvoir qui nous infantilise, nous déresponsabilise et nous décourage.
En effet, l’élection nous fait accepter de déléguer notre pouvoir à des gens qui ne nous ressemblent pas, qui sont souvent corrompus, ne tiennent pas leurs promesses et nous divisent sur des sujets secondaires, nous faisant oublier l’essentiel.
Le système électoral produit des professionnels de la politique, qui ont intérêt à conserver le pouvoir et crée une oligarchie, qui se coopte entre elle et se coupe du peuple.
Il favorise les partis, qui sont des machines à fabriquer du consentement, et qui sont financés par les plus riches.

Le tirage au sort : une démocratie et une rotation du pouvoir
Pour Étienne Chouard, le tirage au sort proposé dans le cadre du Référendum d’Initiative Citoyenne est un système démocratique permettant la rotation du pouvoir.
Il nous rend autonomes et responsables en nous faisant participer directement à la vie politique et nous unit sur l’essentiel.
Le tirage au sort produit des représentants qui nous ressemblent, issus de la société civile, aux expériences variées. Il permet la rotation des charges et évite la professionnalisation.
Le tirage au sort nécessite des institutions complémentaires, comme le mandat impératif, le contrôle citoyen, la révocabilité, etc…
Le pouvoir : une tendance à abuser qu’il faut contrôler
Pour Étienne Chouard, l’exercice du pouvoir entraine nécessairement une tendance naturelle à abuser de celui-ci et il faut donc impérativement le contrôler.
L’exercice du pouvoir est une source de corruption et de transformation des individus. C’est une nécessité en temps de guerre, mais pas en temps de paix, il doit donc être limité, encadré et contrôlé.
- Le pouvoir doit être limité, c’est-à-dire qu’il doit avoir des bornes et des devoirs.
- Il doit être séparé, c’est-à-dire qu’il doit être réparti entre plusieurs organes, qui se font contrepoids.
- Enfin, le pouvoir doit être contrôlé, c’est-à-dire qu’il doit être surveillé par des citoyens, qui peuvent le sanctionner.

Alexander Johmann.
La société : une communauté d’humains qui ont besoin de coopérer
Pour Étienne Chouard, la société est une communauté d’humains et une diversité d’espèces aux comportements différents ayant besoin de coopérer. C’est une utopie possible si on se libère de la domination des marchands.
La société peut s’inspirer des systèmes animaux aux modes de vie organisés et variés, comme les fourmis, les abeilles, les loups, les dauphins, etc.
Elle peut également s’inspirer des Amérindiens, dont la sagesse ancestrale est fondée sur le respect de la nature et le conseil des anciens.
La société peut aussi s’inspirer des pirates, inventeurs de la démocratie directe, qui élisent leur capitaine et partagent le butin.
La souveraineté monétaire : le droit de créer la monnaie
Pour Étienne Chouard, la souveraineté monétaire est le droit fondamental de créer la monnaie, qui conditionne la possibilité de financer les besoins collectifs.
Ce droit a été confisqué par les banques et les traités européens, qui ont imposé la dette, le chômage, l’austérité et la privatisation.
La souveraineté monétaire doit être rétablie au niveau local et national, pour permettre aux communes, aux régions, et à l’État de créer la monnaie dont ils ont besoin.
Elle doit être exercée par des assemblées citoyennes, qui décident de la quantité et de la destination de la monnaie et doit être contrôlée par des chambres, qui vérifient que la monnaie est bien utilisée pour l’intérêt général.
Le référendum d’initiative citoyenne : le pouvoir de décider des lois
Pour Étienne Chouard, le Référendum d’Initiative Citoyenne est le pouvoir de décider des lois.
C’est un outil essentiel pour la démocratie, car il permet au peuple de s’exprimer sur les questions qu’il juge importantes. Il existe dans de nombreux pays, comme la Suisse, l’Italie ou l’Allemagne.
Le Référendum d’Initiative Citoyenne doit être possible en matière constitutionnelle, législative, abrogatoire et révocatoire et doit être accessible, c’est-à-dire ne pas être soumis à des conditions.
Il doit être transparent, c’est-à-dire qu’il doit être accompagné d’un débat public et contradictoire.

La sortie de l’Union européenne : la condition de la souveraineté nationale
Pour Étienne Chouard, la sortie de l’Union européenne est la condition de la souveraineté nationale.
L’Union européenne est une prison qui impose des traités anti-démocratiques et néolibéraux, qui privent les peuples de leur pouvoir de décision.
Elle est au service des banques et des multinationales, qui profitent de la concurrence, de la dérégulation, et de la destruction des services publics.
La sortie de l’Union européenne doit être décidée par le peuple par référendum.
Elle doit permettre de rétablir le franc et la souveraineté monétaire et de renégocier les traités internationaux, en fonction de l’intérêt général.
La révolution pacifique : le moyen de reprendre le pouvoir
Pour Étienne Chouard, la révolution pacifique est le moyen de reprendre le pouvoir.
La révolution pacifique n’est pas une guerre violente ou une utopie, mais une désobéissance et une émancipation nécessaire.
Elle suppose de s’entraîner à écrire la constitution, en s’appuyant par exemple sur la littérature, des ateliers de réflexionet de s’engager formellement à participer à la Constituante, en signant des chartes ou des contrats.
La révolution pacifique suppose de s’unir sur la cause commune, qui est d’écrire la constitution et d’établir la souveraineté populaire.
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